lundi 22 septembre 2014

Mommy - brutalité émotionnelle

C'est avec beaucoup d'enthousiasme que je me rendais voir ce film-événement de Xavier Dolan, après qu'il eut remporté l'un des prix les plus prestigieux du Festival de Cannes, soit le Prix du Jury. De plus, la bande-annonce, vraiment très réussie, m'avait fait pleurer quelques fois.

Ai-je été déçue? Difficile à dire. J'y repense beaucoup depuis, ce qui est bon digne, et assez rare. Mais je repense aussi à quelques irritants ainsi qu'à quelques longueurs qui rendent immanquablement l'expérience moins agréable.



D'abord, nous ne pouvons passer sous silence le talent de directeur d'acteurs de Dolan, qui sait assurément aller chercher le meilleur de Suzanne Clément - très touchante en femme brisée et désorientée (personnage qui m'a beaucoup intéressée, plus subtil que les deux autres), Antoine Olivier Pilon - très crédible et Anne Dorval - extraordinaire dans un rôle plus grand que nature qui aurait pu sombrer dans la caricature.

Dolan s'avère également un dialoguiste d'exception, ses personnages colorés utilisant un langage ponctué de pointes d'humour, cependant toujours juste. Esthétiquement, l'idée de filmer en 1:1, format carré, est selon moi géniale, accentuant la sensation d'enfermement des personnages qui vivent pratiquement leurs drames en huis clos, ne pouvant compter que sur eux-mêmes pour se sortir de leur condition. À quelques reprises, le cadre s'élargit pour laisser passer quelques accents lumineux, annonciateurs d'une chute encore plus vertigineuse dans les abysses d'une détresse psychologique selon moi incurable.

Le film est également ponctué de beaux moments d'émotion brute, souvent par contre un peu trop appuyés par une musique omniprésente et des ralentis pas toujours nécessaires. Enfin, certaines scènes manquent d'efficacité ou s'avèrent non essentielles à l'ensemble, ce qui ralentit la montée dramatique et l'efficacité de l'expérience vécue par le spectateur.

Bref, Mommy a rempli toutes ses promesses, sauf celle de faire naître chez moi une véritable émotion, ne parvenant pas à me toucher droit au coeur. Ça demeure un film à voir, certainement le meilleur film québécois de l'année, et la promesse d'un cinéaste exceptionnel et courageux qui a une véritable vision d'auteur et dont le talent ne pourra que grandir...









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire