mardi 29 mars 2011

Un week-end à Toronto...






Le prétexte de notre voyage à Toronto était l'exposition consacrée à Tim Burton. Mais j'ai découvert une ville plutôt agréable, voire jolie, bien que l'on soit loin, dans les attraits comme dans le niveau de 'plaisabilité' des promenades, de la si grandiose ville de New York, à laquelle je trouve que Toronto semble aspirer. Voici quelques impressions de ce 48 heures à Toronto style La Presse...

19h Enfin, après une heure d'embouteillages, nous nous retrouvons à notre hôtel. Après avoir déposé nos pénates, nous nous rendons sur la rue Ossington, entre Dundas et Queen, et nous promenons un peu, malgré le froid hivernal. Nous mangeons dans un délicieux restaurant, et nous dénichons un petit bar bien sympa. C'est un quartier assez animé, rempli de monde en ce vendredi soir.


10h Le second jour, départ de l'hôtel pour aller se promener dans le quartier aux alentours de la tour du CN et sur les bords du lac. Bon dieu qu'on a gelé! Le vent nous transperçait les entrailles.

12h Puis, direction le nouveau centre dédié au TIFF (Toronto International Film Festival), situé au 350 King Street, où nous sommes allés voir l'exposition sur Tim Burton. Créée par le MoMa à New York, l'expo est vraiment extraordinaire. On y découvre un homme complexe et intelligent, dont l'imaginaire est très intéressant. En fait, voilà quelqu'un qui s'est octroyé la possibilité de laisser libre cours à toutes les idées saugrenues qui lui venaient à l'esprit. On y comprend que Burton est un homme qui s'est toujours vu comme un 'outsider', comme quelqu'un qui ne correspond jamais tout à fait à ce qu'on attend de lui.

Dans les dédales de l'exposition, on découvre également la profondeur de cet homme. On se surprend devant la complexité et la longueur du processus de création d'une oeuvre, souvent étendu sur plusieurs années. À travers les nombreux dessins, figurines, costumes portés par les personnages des films (surtout Johnny Depp), poupées, courts métrages, on est littéralement transportés dans un monde à la fois enfantin et dérangeant. Dans le monde de Burton, l'enfance côtoie souvent l'horreur, et les personnages se situent toujours à l'extérieur de la ligne droite que la société nous oblige à suivre.

Plusieurs cahiers de notes, même des gribouillis sur des essuie-tout nous sont présentés, ce qui est fascinant lorsque l'on pense qu'une idée venue sur le coin d'une table peut se transformer en un film comme Big Fish. J'ai trouvé aussi très intéressant de découvrir les inspirations de Burton, qu'elles soient reliées à un mentor (Vinvent Price) ou à des courants artistiques particuliers comme l'expressionnisme allemand et le surréalisme.

Il est à noter que le bâtiment désormais consacré au festival de films est très impressionnant, construit avec goût et, il faut bien le dire, beaucoup de moyens. En dehors du festival, l'endroit est transformé en cinémathèque et en lieu d'exposition. On y passait Des hommes et des Dieux et Incendies lors de notre passage. Outre l'expo sur Tim Burton, il y avait également un endroit consacré à Mary Pickford, grande star du cinéma muet. Montréal aura-t-elle un jour un endroit comme celui-là, dédié entièrement au cinéma? J'en doute!


15h En sortant de l'expo, après avoir mangé une bouchée dans un endroit que nous avons déjà oublié, nous prenons une grande marche jusqu'au St. Lawrence Market, un immense et superbe marché où se côtoient produits de luxe et bijoux bas de gamme.

17h Puis, nous allons nous promener et prendre un verre dans le Distillerie District, qui est vraiment un endroit intéressant. La façon dont ils s'y sont pris pour revigorer cet endroit est très ingénieuse. Et ça marche! Tout était plein, et je m'imagine à peine ce que ce doit être l'été, avec toutes ces terrasses. On y trouve des boutiques assez spécialisées, des micro-brasseries, des restaurants.

19h Nous nous rapprochons de notre hôtel et allons manger sur King Street, pour terminer la soirée, extrêmement fatigués, dans un pub où un groupe jouait des vieux classiques perchés derrière le bar.

Bref, Toronto ne nous a pas déçus, et m'a donné le goût d'en découvrir davantage.

mardi 22 mars 2011

'Red' Trailer 2

Suggestions de films à louer

D'abord, 127 hours de Danny Boyle est un film extrêmement angoissant tout en étant, de façon assez surprenante, plutôt agréable à regarder. Cette histoire vraie d'un aventurier un peu prétentieux qui fait une chute et se retrouve prisonnier d'une roche dans les canyons américains représentait un défi sur le plan cinématographique, défi que Boyle a selon moi relevé.

En effet, on ne s'ennuie pas une minute en suivant les aventures immobiles de ce jeune homme qui, dans sa lutte acharnée pour survivre, devra finir par se couper le bras avec un canif bon marché. Il passe évidemment par toute la gamme des émotions, du découragement à la colère, et filme ses états d'âme en parlant aux personnes qui lui sont chères. Avec plusieurs effets visuels recherchés et des flashbacks bien amenés, quoi qu'un peu trop nombreux à mon avis (à moins que ce ne soit des hallucinations?), le spectateur comprend parfaitement l'état d'esprit dans lequel se trouve le personnage, seul prisonnier d'une roche dans une crevasse où personne ne va jamais. On aurait même pu avoir plus de moments de silence au cours desquels on aurait tout autant pu prendre le pouls de l'angoisse qui habite le personnage, qui n'espère plus rien.

James Franco, qui nous a bien énervés lors des Oscars, est ici vraiment impressionnant, portant ce film sur ses épaules avec brio. Boyle avait hésité à l'engager, Franco ayant la réputation de jouer au rêveur et d'être un peu 'chiant', mais il ne l'a pas regretté. On comprend pourquoi. Il n'en fait jamais trop, au contraire. On croit totalement à son personnage, qu'il habite littéralement. Il sait être attendrissant tout en conservant l'arrogance qui semble faire partie de la personnalité du fameux Aron.

Et pour les coeurs sensibles, ne vous en faites pas, la fameuse scène finale où, en état de transe (il n’a pas mangé et a peu bu depuis environ 5 jours), il effectue l’opération, passe très vite et est filmée de façon à ne pas nous torturer. C'est plutôt le fait de voir le personnage immobilisé entre deux parois rocheuses durant une heure qui est perturbant... Et le questionnement qu'il suscite: qu'est-ce que j'aurais fait dans pareille situation?

Bref, on reconnaît ici Danny Boyle et ses nombreux effets visuels, la musique omniprésente, le montage saccadé, les gros plans. Alors ceux qui ont été très énervés devant Slumdog Millionnaire, vous allez détester. Les autres, laissez-vous tenter.

J'ai aussi bien aimé RED, film un peu déjanté de Robert Schwentke. Bien sûr, ce n'est pas un grand film, mais c'est un divertissement original et charmant qui ne se prend pas trop au sérieux. On y suit les aventures d'un ancien agent de la CIA (Bruce Willis), coulant des jours tranquilles et faisant la cour à une fonctionnaire gouvernementale (Mary-Louise Parker, qui a parfois des tics un peu agaçants) par téléphone. Mais certaines circonstances le forcent à aller chercher la belle et à partir avec elle, étant poursuivi par des ennemis très méchants.

L'intérêt de ce film ne se situe pas, vous l'aurez compris, dans l'histoire - abracadabrante -, mais plutôt dans le style visuel et le traitement ironique du sujet. En effet, Frank (Willis) va recruter ses anciens collègues, tous des retraités plus originaux les uns que les autres. Morgan Freeman et John Malkovich sont très amusants, mais c'est le fait de voir la très distinguée Helen Mirren tirer de la carabine avec aisance qui est le plus renversant. Et tous les acteurs semblent prendre un plaisir authentique à se faire aller de la sorte.

Ce n'est pas subtil et ça reste dans la catégorie du déjà vu, mais c'est un bon film de dimanche après-midi pluvieux.

The Walking Dead Trailer

lundi 21 mars 2011

The Walking Dead

Créée et écrite par Frank Darabont, réalisateur qui nous avait donné À l'ombre de Shawshank, la série The Walking Dead est la sensation de l'heure. En effet, après les vampires très sexy de True Blood, la série dont tout le monde parle, diffusée sur la chaîne AMC (Mad Men), est inspirée d'une bande dessinée et se déroule dans une Amérique post-apocalyptique, où les morts se réveillent et deviennent des zombies.

Les décors représentant un monde désolé sont vraiment impressionnants, et l'atmosphère qui se dégage de l'ensemble est particulièrement étouffante et claustrophobique. Dans ce monde où la vie est quasiment disparue, difficile de ne pas faire le constat de notre échec en tant que race... Pas jojo tout ça.

Que s'est-il passé? Nous l'ignorons et l'ignorerons jusqu'à la fin. Et c'est selon moi une bonne idée. Pour une fois, quelques éléments ne sont pas révélés aux spectateurs (comme le secret à la fin de la saison, rappelant la dernière scène de Lost In Translation). Également, le mythe du zombie est traité de façon originale, tant visuellement - il y a parfois beaucoup de sang et d'entrailles, vous êtes prévenus - que scénaristiquement. Le traitement de l'image est très cinématographique et s'avère d'une qualité exceptionnelle.

Évidemment, dans ce nouveau monde, il subsiste quelques survivants, que nous suivrons dans leur quête pour s'expliquer ce qui est arrivé, mais aussi pour manger et ne pas tomber sous les dents de l'ennemi. Il y a au premier plan Rick Grimes, shérif de profession, qui se réveille à l'hôpital, après un accident de travail, dans un monde complètement transformé. Sorte de cowboy solitaire, il part ainsi à la recherche de sa femme et de son fils, qu'il croit vivants. Ce personnage aurait pu être intéressant (j'espère qu'il le deviendra dans la seconde saison), car le contraste entre son passé de policier et l'obligation de vivre aujourd'hui dans un monde anarchique où tous se tirent des balles dans la tête au passage est une bonne ligne scénaristique, qui n'a pas encore été exploitée. On pense également aux westerns américains ou à l'excellente série Deadwood, les zombies n'étant que la réincarnation des méchants Indiens... à moins qu'ils ne représentent les nombreuses invasions de l'homme blanc.

Malheureusement, c'est au niveau du scénario que le bât blesse. Les personnages, en mode survie, agissent souvent de façon clichée et invraisemblable. Également, certaines histoires parallèles sont tellement déjà vues qu'elles en sont risibles, comme l'histoire de l'ancien partenaire qui couche avec la femme de Rick. En fait, les différents personnages sont extrêmement caricaturaux, et semblent avoir une personnalité unidimensionnelle, sans zones grises: le violent, l'ami amoureux, celui qui agit avant de réfléchir, le chinois speedé, le vieux sage, etc. On sait donc toujours comment chacun va réagir face à une situation donnée, ce qui nous éloigne de ce que l'on appelle communément l'originalité...

Bien sûr, je suis consciente que les zombies ont toujours été utilisés comme métaphore, représentant tantôt la crainte de la bombe atomique, tantôt l'envahisseur, quel qu'il soit. On peut donc interpréter la série à notre guise, et ainsi ajouter une certaine profondeur au récit. Mais vu le potentiel visuel, je crois que l'embauche de différents scénaristes pour la seconde saison devrait régler les petits problèmes de cette série au grand potentiel.

dimanche 20 mars 2011

Weeds Season 6 Trailer BG subs.avi

Weeds, saison 6

La sixième saison de Weeds s'inscrit dans la continuité logique de cette série vraiment géniale. Et franchement, je crois que c'est la meilleure de toutes... Car la vie de la mère de famille hors norme étant de plus en plus compliquée et, il faut le dire, dangereuse, le ton a beaucoup changé avec les années. Les saisons 4 et 5 étaient selon moi moins bien construites, mais celle-ci sort assurément du lot.

Au départ, cette mère, veuve, habitant avec ses deux fils dans une banlieue typique, vendait du pot en toute insouciance. Six ans plus tard, ses enfants, devenus presqu'adultes, ne peuvent plus aspirer à une vie normale, tant leur histoire est compliquée. En tentant d'offrir une vie meilleure à ses fils, Nancy Botwin a en fait complètement gâché leurs possibilités d'avenir. Car il est maintenant évident qu’un point de non-retour a été atteint, et toute la famille en est consciente. Ce qui ne manque pas de créer quelques tensions…

Dans cette sixième saison, la famille est forcée de fuir après que Shane se soit laissé aller à ses pulsions primaires (voir trailer). Mais la fuite mène Shane, Silas, Nancy et Andy sur des chemins mal fréquentés, comme autant de situations rocambolesques où tous savent se mettre les pieds dans les plats, un peu plus chaque fois.

Moins drôle (Celia n'est pas là), mais plus touchante et profonde, cette saison est selon moi la meilleure car elle nous expose le désarroi grandissant d'une mère qui s'est fait prendre à son propre jeu et qui a entraîné toute sa famille avec elle. Ses enfants sont méconnaissables, ils ont perdu, au fil des années, toute innocence, et on ne voit pas vraiment d'issu possible. Silas, autrefois si proche de sa mère, tente aujourd'hui par tous les moyens de s'en éloigner. Shane, toujours aussi perspicace, éprouve certains problèmes à éprouver du remord pour le geste qu'il a commis, ce qui n'annonce rien de bon... D’ailleurs, l’acteur, Alexander Gould, est très impressionnant. Son regard est terrorisant, perturbant, et un peu trop crédible. Andy, le beau-frère qu'on aime tant, toujours amoureux de Nancy, se sent de son côté harponné par la belle, qui est, on doit bien le dire, un peu agace, et à qui on a, nous aussi, souvent envie de renverser le cappuccino glacé. En fait, Nancy (Mary-Louise Parker, très bonne) est devenue plutôt inquiétante, et la fréquenter n'est pas mère de sureté. Mais son amour pour ses enfants semble la plupart du temps dicter ses choix...

Enfin, nous avons encore droit à un portrait hyper décapant de l'Amérique qui, à la ville comme à la campagne, en prend pour son rhume. Qu'il soit question du puritanisme qui entoure l'éducation des enfants, des débilités entourant les concours de nourriture (moment d'anthologie que le concours de dégustation de statues de beurre!) ou des prêtres accros au sexe, la 'caravane de l'amour de dieu' ne laisse aucune contradiction au hasard et balaie les certitudes qui ont le malheur de se retrouver sur son passage.

Les fans ne seront pas déçus!

lundi 14 mars 2011

Winter's Bone (2010) - Official Trailer [HD]

The Winter's Bone

Film très perturbant et marquant que ce Winter's Bone, réalisé par Debra Granik, récipiendaire du Grand prix du jury au festival de Sundance, et mis en nomination aux Oscars dans les catégories de pointe.

C'est en effet un film sombre et cru, qui nous habite longtemps après le visionnement.

À la façon de ce que j'ai perçu comme un conte moderne, on assiste, impuissants, à la quête (initiatique, probablement) d'une jeune femme, interprétée par Jennifer Lawrence, qui est très touchante et juste. Habitant dans un bled perdu où on n'a vraiment pas envie de tomber en panne, Ree, 17 ans, et sa famille (une mère malade, un frère et une soeur très jeunes) vont perdre leur maison à cause des problèmes du patriarche. Ree décide donc de partir à la recherche de son père, et rencontre ainsi des personnages récalcitrants et dangereux, dont certains, contre toute attente, deviendront des alliés.

L'histoire se déroule dans un paysage désolé du Missouri, où l'ambiance bleuâtre donne des allures de morts vivants aux personnages souvent abattus par une vie si difficile. On se croirait dans Délivrance... mais en pire, car on sait que dans les villages de ce que l'on appelle l'Amérique profonde se trouvent des endroits comme celui-là, où les lois sont dictées par la frustration des habitants et les problèmes d'alcool, où le shérif n'ose pas trop s'interposer, et où le seul exutoire se trouve dans la musique (ici souvent du banjo), si présente dans la vie de ces personnages marqués par les embûches, mais touchants... et profondément humains.

Ree, qui a été élevée dans cet environnement, est devenue dure, et elle ne ressent pas la peur, question de survie. Elle protège son frère et sa soeur comme une louve, tente de les faire manger à leur faim par tous les moyens. Elle devra pour ce faire aller au-delà de l'omerta à laquelle elle a droit au début de ses recherches, et ainsi, à force de creuser, dépasser un point de non-retour.

Souvent tourné à la manière d'un documentaire, la caméra est proche de ses acteurs et de la nature, glaciale. Nous ressentons la froidure de la température jusque dans les os, et la cruauté de ce monde sans pitié nous semble étonnamment réaliste. D'ailleurs, plusieurs scènes dans le film sont très typiques et selon la réalisatrice, représentatives de la réalité. De plus, l'accent emprunté par les personnages ajoute à l'aspect concret de cette histoire horrible.

On pense aux frères Dardenne, mais aussi aux westerns américains, pour l'absence de pouvoir supérieur et de lois pouvant venir sauver l'héroïne. Elle est seule face au monde, et elle est prête à subir les conséquences de ses actions. Elle doit se sauver elle-même, et pour ce faire retrouver son père, qu'il soit mort, ou vif.

Les acteurs sont tous extraordinaires. Ils semblent avoir été filmés dans leur vie de tous les jours. L'apparence est ici la dernière préoccupation des habitants, qui sont dans un mode survie, qui perçoivent la vie comme une lutte à mener au jour le jour, un tracas à la fois. Mention spéciale à John Hawkes, qui dans le rôle de l'oncle de Ree est tout bonnement terrorisant, à la fois brute et assoiffé d'une vengeance qui se doit d'être sourde s'il veut survivre.

Bref, un film dur, mais également étrangement poétique et porté par des acteurs criants de vérité.

lundi 7 mars 2011

Machete 2010 trailer

Macheté - Jouissif!

Macheté, de Robert Rodriguez, est pour moi et les amateurs du genre un film carrément jouissif. Ceux qui avaient adoré le dyptique Grindhouse, et qui avaient trouvé la fin de Death proof (Tarantino) vraiment libératrice, vous allez 'triper' ici! D'ailleurs, il s'agit en fait du film dont la bande annonce se trouvait entre ces deux films. La bande annonce a donc été créée avant le film!

Macheté, c'est un personnage totalement invraisemblable, ancien agent des forces de l'ordre mexicain dont la femme s'est fait assassinée sous ses yeux, ce qui l'a, on en conviendra, légèrement perturbé, et qui a provoqué chez lui le syndrome de la 'machette' facile.

Interprété par un Danny Trejo tout à fait à sa place (acteur fétiche de Rodriguez, devenu acteur par pur hasard, Trejo a eu une vie particulièrement intense, mais s’est complètement réhabilité après avoir passé 11 ans en prison et y avoir gagné des combats de boxe!), Macheté est à la fois affreux et séducteur, brute au coeur tendre. En fait, il est le personnage typique du film de série B. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, un hommage aux films de série B, surtout ceux des années 70, avant l'arrivée des effets spéciaux hyper léchés, que ce soient des films mexicains, asiatiques ou autre.

Par un concours de circonstance particulier, Macheté se retrouve donc au milieu d'un complot visant à assassiner, dans une ville texane proche de la frontière mexicaine, un sénateur de droite (très ironique Robert De Niro) en campagne électorale. Ce sénateur se plaît en effet, le soir venu, à jouer les justicier et à faire leur fête aux mexicains qui tentent d'entrer sur la terre promise.

Mais évidemment, rien de va tourner comme prévu, et les vieux démons de Macheté (comprendre Steven Seagal!) vont tenter de le rattraper. Mais n'attrape pas Macheté qui veut… Car aidé du 'Network', c'est-à-dire de tous les mexicains des environs, il va mener une guerre sans merci au sénateur et à ses acolytes.

Le plus intéressant dans ce film, c'est la douce ironie qui s'est dégage. En effet, le film est hilarant, et les trouvailles visuelles et scénaristiques souvent étonnantes et efficaces. Impossible d'oublier les tripes arrachées directement du ventre d'un ennemi, qui servent de corde pour se sauver d’un hôpital, ou la scène du thermomètre... Évidemment, il ne faut pas craindre le rouge, les têtes coupées, voire le gore. Mais le tout est tellement exagéré et ne se prend tellement pas au sérieux que la portée de la violence est de beaucoup amoindrie. En fait, les idées pour dégommer les méchants sont incongrues à un point tel que l'on s'esclaffe littéralement la plupart du temps.

Comme dans Death proof, les femmes sont à la fois objets et extrêmement puissantes. Aucun stéréotype n'est laissé au hasard: il y a la prostituée reconvertie en nonne, jouée par une Lindsay Lohan étonnamment auto-parodique, il y a la guerrière Michelle Rodriguez, il y a la policière Jessica Alba, qui change de camp au contact du très charmeur Macheté. Car évidemment, toutes ces laideronnes se laisseront séduire par le guerrier aux machettes.

Tout au long du film, il est évident que Robert Rodriguez nous sert une critique de la politique américaine, surtout en ce qui a trait à l'épineuse situation à la frontière avec le Mexique, à la façon de régler la question et à la montée d'une politique de droite plutôt extrême.

Enfin, Macheté est un film où la démesure est à l'honneur, qui ne passera pas à l'histoire (quoi que... il pourrait bien devenir culte), mais qui plaira aux amateurs du genre. Et ceux qui aiment repérer les références, vous serez servis!