lundi 28 février 2011

"The Good Wife" Trailer

The Good wife

Excellente série que ce Good Wife, dont l'actrice principale, extraordinaire Julianna Margulies, a remporté un Golden Globe en 2010.
Il y est question d'une femme, donc, trahie par son mari, profondément blessée. En effet, son mari, Peter Florrick (Mr Big de Sex and the city), ancien 'state atorney' à Chicago, est en prison pour une affaire de corruption. Mais également, plusieurs scandales sexuels ont été étalés sur la place publique et Alicia, sa femme qui avait abandonné une prometteuse carrière d'avocate 15 ans plus tôt pour s'occuper de ses enfants, mais aussi de son mari, doit retourner travailler.

Elle doit recommencer à zéro, et se retrouve donc 'junior associate' dans une boîte importante dont le patron est un de ses anciens camarades de classe, et où elle est en compétition avec de jeunes loups carriéristes bourrés d'énergie.

Mais Alicia génère une force tranquille qui plaît aux clients, et qui ne laisse pas son patron, Will Garner, indifférent. De plus, il semble que le nom de son mari, contre toute attente, l'avantage de toutes sortes de façons que je n’expliquerai pas ici, pour ne pas trop révéler d’informations.

Plusieurs éléments sont intéressants dans cette série très intelligente et subtile. D'abord, le personnage d'Alicia est très intrigant. On comprend mal en effet les raisons qui la poussent à rester avec son mari, après tant de trahisons. Est-ce pour ses enfants? Les personnages des deux ados, en pleine crise d'identité, sont d'ailleurs pour une fois construits de façon complexe, loin des clichés. Reste-t-elle avec lui pour se venger? Est-ce par conviction personnelle?
Le spectateur en doute toujours, car Alicia tient un discours et son contraire, étant à fois ouverte d’esprit et bornée, prude et dévergondée. Également, la culpabilité du mari est sans arrêt remise en cause. Le spectateur doit utiliser les éléments qui lui sont donnés pour se faire une opinion, et ainsi désirer ou non sa remise en liberté.

Les causes défendues par Alicia ne sont jamais, elles non plus, toutes blanches ou toutes noires, et elles se terminent toujours de façon totalement inattendue.
Plusieurs collègues d'Alicia sont également dignes d'intérêt, tant leurs personnalités sont bien dessinées, chacune incluant plusieurs zones d'ombre. Par exemple, Kalinda, celle qui est chargée d'enquêter sur les affaires de la firme, est très particulière, secrète, difficile à connaître, ce qui est très rare en télévision. Cory, le jeune avocat carriériste avec qui Alicia est en compétition est également loin des clichés, développant même, jusqu'à un certain point, une amitié avec sa rivale. Et Christine Baranski, alias Diane Lockhart (la grande patronne) est très drôle en femme démocrate dont les causes la forcent souvent à plaider contre ses convictions. En fait, tous les personnages sont complexes, et il est toujours difficile de savoir où ils se situent exactement, ce qu'ils pensent de l'un ou l'autre, quelles sont leurs motivations.

Mais parmi tous les aspects positifs de cette série, tant au niveau du scénario, des acteurs, de la complexité des histoires, c'est le personnage d'Alicia Florrick qui fascine le plus. Elle est froide, voire frigide; elle est directe, voire désagréable, et elle est pleine de contradictions. Il est difficile de s'attacher à elle et pourtant, on veut la voir réussir.

Bien sûr, certains éléments sont un peu moins biens amenés, comme la romance entre Alicia et Will, son patron. On préférait lorsque tout cela était sous-entendu. Car elle est tellement réfléchie qu'il est difficile à croire qu'elle se laisse aller de la sorte. Et évidemment, Alicia découvre toujours la clé de l'enquête, et ce, au moment opportun. Mais bon, s'il fallait que l'on n'aime pas une série à cause qu'elle comporte des invraisemblances...
Tout compte fait, je trouve que c'est une série qui vaut le détour, surtout si vous aimez les scènes de procès et les enquêtes compliquées.


Un petit mot sur une pièce de théâtre que je suis allée voir dernièrement: Elling, présentée chez Duceppe. La pièce est écrite par Axel Hellstenius, Norvégien. Elle a été adaptée au cinéma par Petter Naess, et paraît-il que le film était très réussi. Une chose est certaine, la version mise en scène par Monique Duceppe est selon moi profondément ennuyante, en plus d'être totalement prévisible.

On y retrouve Guy Jodoin (qui est bon, mais dont la façon de jouer rappelle son personnage de Dans une galaxie près de chez vous) et Stéphane Bellavance (qui joue bien, quoique de façon un brin caricaturale). Ils interprètent des résidents d'institut psychiatrique qui se font installer en appartement et tentent tant bien que mal de se réinsérer dans la société, parmi les gens 'normaux' (évidemment, on s'aperçoit bien vite que les gens normaux ne sont pas ceux qu'on pense).

Les deux hommes sont donc forcés de créer des liens, souvent naïvement, avec d'autres êtres humains plus ou moins honnêtes. Comprendre ici que tout cela tourne en rond et s'avère d'un ennui mortel. Et que dire de Donald Pilon, qui est tellement à côté de la plaque qu'on dirait qu'il préférerait être n'importe où sauf sur scène...

Seule Mireille Deyglun, surprenante dans la peau de quatre personnages différents, sauve la mise par son jeu toujours juste, qu'elle soit une infirmière aigrie, une poète hippie, une paumée enceinte ou une serveuse sexy.
À éviter…

dimanche 20 février 2011

Mesrine: L'instinct De Mort - Bande Annonce

Mesrine: L'ennemi Public Numéro 1 - Bande Annonce

Mesrine - L'instinct de mort et l'ennemi public numéro 1

L'instinct de mort, le premier des deux films retraçant le parcours 'professionnel' de Jacques Mesrine, est selon moi le meilleur film du dyptique. Bien qu'il nous manque plusieurs éléments qui nous auraient permis de mieux cerner ce personnage hors du commun, le portrait est fascinant.

Inspiré de deux livres écrits par Mesrine lui-même, il est au départ difficile de comprendre les raisons qui poussent ce fils de bonne famille à tant de délinquance. Est-ce une rage intérieure? Un profond besoin de confronter l'ordre établi? Est-il psychologiquement blessé par son séjour en Algérie? Difficile à dire. En fait, d'après le portrait qui nous est donné voir, il semble que ce soit plutôt par hasard que Mesrine est devenu ce gangster si étonnant. Il s'est rendu compte que réussir des coups était extrêmement facile pour lui, probablement grâce, entre autres, à son intelligence visiblement supérieure à la moyenne.

D'ailleurs, il est clair qu'il possédait ce fameux instinct de mort, ou en tout cas il appréhendait la vie de façon très particulière, en n'acceptant de faire aucune concession, et en éliminant les barrières qui se trouvaient sur son chemin.
On assiste donc à l'auto-construction du personnage de gangster sans scrupule, qui berne les autorités sans crier gare, et qui braque une banque après l'autre sans la moindre parcelle de peur.

Très tôt, Mesrine se prend pour un Robin des bois nouveau genre, qui se targue de ne voler qu'aux riches. De plus, il tente de nous faire croire qu'il restecte les femmes au plus haut point - jusqu'à ce qu'elles ne soient pas d'accord avec lui... Comme lors de cette scène très dérangeante lors de laquelle il plante un revolver dans la bouche de sa femme qui lui demande de quitter cette vie. Il semble par contre très amoureux de Jeanne Schneider (Cécile de France), avec qui il s'exile au Québec. La portion du film qui se déroule au Québec s'avère d'ailleurs intéressante, ainsi que sa rencontre avec Jean-Paul Mercier (Roy Dupuis), qui deviendra un fidèle allié et avec qui il élaborera un plan improbable et pourtant bien réel pour s'évader de prison.

La reconstitution d'époque est très réussie, et Vincent Cassel parvient à rendre le charisme électrisant que devait dégager cet homme. Par contre, le fait de ne pas comprendre les motivations intrinsèques de Mesrine ont fait que je suis restée sur ma faim. Le réalisateur, Jean-François Richet, a-t-il voulu rester impassible devant ce personnage et éviter de le juger? Est-ce pour cette raison qu'il ne tente jamais de comprendre, d'interpréter, d'analyser son 'héros'? Probablement, mais en faisant cela, il crée avec les spectateurs une distance, nous empêchant de nous identifier à l'un ou l'autre de ses agissements ou motivations.


Dans L'ennemi public numéro 1, le personnage que s'est construit Mesrine a pris de l'ampleur, dans tous les sens du terme. Non seulement il est de plus en plus mégalomane, mais également plus baveux envers les autorités, plus violent, ses coups sont plus importants, et ses aspirations beaucoup plus grandes. En fait, Mesrine est devenu un homme imbu de lui-même et dangereux, capable de passer en quelques minutes d'un état de gentillesse absolu à celui d'un être menaçant, brute et extrêmement angoissant - voir la scène avec la journaliste, très bien construite, au cours de laquelle on voit le visage de la femme changer à mesure des réponses que lui donnent Mesrine.

Mesrine semble ici avoir beaucoup changé, peut-être à cause de ses passages en prison, mais probablement plus à cause de l'attention médiatique dont il fait l'objet depuis plusieurs années. Il recherche maintenant cette attention, et ne semble plus pouvoir s'en passer. Mais gare à ceux qui oseront dire du mal de lui - autre scène pour le moins dérangeante avec un pauvre journaliste. Il n'est plus question ici de comprendre ses motivations de départ, seulement d'admirer le travail d'un acteur qui réussit à faire passer la moindre modification caractérielle en un clignement d'oeil. D'ailleurs, Cassel est carrément hallucinant dans la peau du gangster, arrogant à souhait, complètement transformé physiquement mais tout de même extrêmement subtil dans son jeu.

Mesrine vit désormais avec Sylvia (Ludivine Sagnier), et s'est trouvé un nouvel allié en François Besse, avec qui, oh surprise, il s'évadera de prison. Mais même Besse peine à suivre Mesrine, qui semble se perdre dans ses désirs de popularité, mené plutôt par son arrogance que par un réel désir de changer les choses. Le film marie bien quelques épisodes comiques (la visite du poste de police, le discours devant le juge, etc.) et les passages très sombres (la solitude qui accable Mesrine, ses excès de violence) de la vie de Mesrine.

Ce film est moins enlevant que le premier, mais une chose est certaine, on ne s'ennuie pas une seconde dans l'un ou l'autre. Et si vous ne les avez pas vus, louez-les tous les deux le même soir...


Enfin, soulignons seulement que les deux films sont différents dans le fond plus que dans la forme. Alors qu'on avait affaire dans le premier film à un jeune homme plein de projets, cabotin et aux idées percutantes pour l'époque dans laquelle il vivait, le second volet brosse le portrait d'un homme revenu de tout, que la désillusion a rendu progressivement dangereux. La violence qu'il avait en lui dans la premier film était contenue par un désir de faire le bien, par une forme d'autocensure. Dans le second, Mesrine est mû par la violence de ceux qui n'ont plus rien à perdre, mais qui sont bien décidés à passer à l'histoire, coûte que coûte.

Un resto vraiment bon: Le Comptoir Charcuteries et Vins


Nous avons beaucoup aimé ce resto, situé sur la rue Saint-Laurent au coin de Villeneuve. Nous le conseillons à tous nos amis.
Nous sommes allés un samedi soir, étions assis au bar, mais je dirais que c'est presque la meilleure place, car nous sommes alors devant les cuisiniers et pouvons admirer leur savoir-faire.
L'ambiance estvraiment sympathique et conviviale, ainsi que le service. Pas du tout d'attitude ici, chose que je déteste au plus haut point quand je vais au resto.

Et la bouffe! Wow...
Sous forme de petits plats à partager, nous avons d'abord dégusté le fameux plateau de charcuteries, qui sont toutes confectionnées sur place. Puis, deux coups de coeur me sont restés dans la tête: l'épaule d'agneau confite et sa purée de céleri-rave surmontée d'un son ravioli d'oignon était extraordinaire et le jarret de porc à la sauce barbecue servi sur des nouilles asiatiques froides est à essayer.
En fait, tout ce qui est sur le menu a l'air délicieux.

De plus, la carte des vins est intéressante, au verre et à la bouteille.

Le rapport qualité/prix est ici extrêmement avantageux: 120$ pour un souper vraiment hors du commun, incluant 2 apéros et une bouteille de vin, je trouve que ça vaut le détour. Par exemple, j'ai préféré de beaucoup cet endroit à La Salle à Manger, que je trouve beaucoup trop cher pour ce que c'est.

Il y avait longtemps que je n'avais pas eu un tel coup de coeur pour un restaurant...

Allez-y!

dimanche 13 février 2011

NEVER LET ME GO Theatrical Trailer in HD 06/15/10 Mulligan Knightley Gar...

Never let me go: bouleversant

Film bouleversant de Mark Romanek, qui nous avait donné le très particulier One Hour Photo, avec Robin Williams, Never Let me Go vous laissera pantois. L'histoire, adaptée d'un livre de Kazuo Ishiguro, est extrêmement dérangeante dans ce qu'elle reflète les délires que les avancées technologiques pourraient engendrer. En effet, les trois personnages principaux, qui évoluent à la même époque que la nôtre mais dans un monde légèrement différent, sont en fait des clones créés uniquement pour donner, à l'âge adulte, leurs organes dans le but de sauver la vie de 'vrais' humains.

Dès l'enfance, ces 'produits' sont conditionnés, leur cerveau lavé, leur vie tracée. Ils sont élevés dans une genre de pension, complètement coupés du monde, où certaines expériences sont effectuées sur eux. Le seul problème, c'est que contre toute attente, ces clones ont développé ce que nous pourrions appeler une âme. Ils ont tous une personnalité distincte, éprouvent des sentiments, certains ont même un tempérament artistique.

Devenus adultes, les personnages, interprétés par Carey Mulligan (que l'on a vu dans An Education, et qui vole ici la vedette par la subtilité de son jeu), Andrew Garfield (touchant dans ce rôle d'hypersensible) et Keira Knightley, forment un genre de triangle amoureux. Lorsqu'ils sont transférés dans l'endroit où ils attendront le jour fatidique de leur première 'donation', ils sont pour la première fois en contact avec le monde extérieur, avec la vie. Cette confrontation fait naître en eux des émotions intenses, et ils prennent conscience, en quelque sorte, de tout ce qu'ils ne pourront accomplir.

Sans aucun effets spéciaux mais baignant dans une ambiance très particulière, brumeuse, le film donne plutôt dans la suggestion, ce qui le rend encore plus bouleversant. On est immanquablement touchés par le triste destin de ces trois jeunes, qui sont condamnés à la mort alors qu'ils sont à l'orée de la vie, tout ça pour en faire vivre d'autres. Ils cheminent dans ce décor tels des fantômes, maigres, translucides, soumis.

Tout au long du film, on se demande pourquoi ils acceptent leur sort. Comment, en étant conscients de leur situation, peuvent-ils rester dans cette maison glauque et attendre que l'on vienne les chercher. En fait, le film ne tente jamais de nous expliquer quoi que ce soit. Nous ne savons pas ce qui leur arriverait s'ils se sauvaient, nous savons seulement qu'ils sont confrontés à des sentiments qui les dépassent, et qu'ils n'ont pas la possibilité d'échapper à leur sort.

Autre point positif, on échappe ici totalement à la finale moralisatrice de tant de films de science-fiction américains. Au contraire, il propose un réel questionnement éthique, qui a de quoi alarmer.

À voir, pour le jeu de Carey Mulligan, pour l'apparente authenticité de leur désarroi et pour le scénario, qui nous offre un reflet de notre époque plutôt dérangeant. Car le film se déroule dans des décors qui sont les nôtres, comme si les atrocités commises se produisaient sous nos yeux, et que nous ne faisions rien pour les empêcher, laissant ces jeunes porter le poids de notre survie.

Dans le même genre, louez-vous Gattaca, aussi très inspirant, mais moins touchant...

mardi 8 février 2011

BLACK SWAN - Official HD trailer

Black Swan, au bas mot déstabilisant

D'abord, je veux seulement prévenir les gens qui n'ont pas vu le film que je donne pas mal d'informations. Au pire, vous reviendrez lire après avoir vu le film.

Par où commencer pour parler de ce film? Peut-être par le profond malaise qu'il a suscité chez moi, malaise qui ne s'est estompé qu'environ 24 heures après avoir quitté le cinéma. Selon moi, le film de Darren Aronofsky est totalement réussi, et s'inscrit de belle façon dans la continuité de la démarche artistique de ce cinéaste, qui s'approche de la totale maîtrise de son art (À voir: Pi, Requiem for a Dream, The fountain - que j'avais adoré malgré de mauvaises critiques, The Wrestler).

On assiste donc ici à la descente aux enfers d'une ballerine (Nathalie Portman, seule véritable candidate aux oscars) qui se voit offrir le rôle double du Black swan/white swan du fameux Lac des cygnes, ce qui représente la consécration totale pour une danseuse classique. Mais la pression engendrée par ce type de rôle et ce qu'il représente pour une carrière a raison de l'équilibre mental de la jeune femme, auparavant pourtant d'apparence très terre à terre (trop?).

Mais on peut aussi adopter un autre point de vue, et lire le film en fonction de l'histoire même du ballet Le Lac des cygnes, dont le scénario reprend beaucoup de thèmes centraux, dont l'idée du double, au centre du film (on ne compte plus les miroirs, qui sont présents dans presque tous les plans). La double personnalité, la double identité, le double personnage, la double histoire. Ainsi, le cygne blanc du début du film, personnage tout en retenue qui n'ose pas parler, ni dire son opinion, qui chuchotte et se cache des projecteurs et qui, par-dessus tout, est encore traitée par sa mère comme si elle avait 4 ans (immense malaise) est confrontée à son cygne noir, sorte de pendant obscur de sa personnalité.

D'ailleurs, sans aller trop loin dans l'analyse (on aurait pu y passer de nombreuses heures), il est clair que l'on pourrait se pencher sur le point de vue psychanalytique de l'idée du double. Par exemple, Otto Rank (Don Juan et le Double) soulignait que "L'existence d'un moi opposé au diable recèle beaucoup de complexité. C'est un double chargé de tous les vices et turpitudes de son modèle, et qui lui permet d'appréhender la réalité dans la répétition infinie d'une jouissance. En fait, la présence du double se manifeste chaque fois que la conscience se voit surprise à manquer au contrôle sévère qu'elle doit exercer." Ça vous rappelle quelque chose?

Suivant cette analyse, on remarquera que le cinéaste a tout fait pour que l'on voit en Lily (Mila Kunis), une danseuse nouvellement arrivée dans la troupe, plus ou moins rebelle, tatouée, dégourdie et spontanée dans sa façon de danser et à la sexualité épanouie, le double de Nina (Portman), son cygne noir. En effet, à la manière de Bergman dans Persona, Aronofsky s'amuse souvent à confondre leurs visages avec plusieurs effets d'éclairage. On en vient à se demander si ce personnage n'est pas en fait le produit de l'imagination de Nina, qui n'est pas, disons-le, à une hallucination près...

Mais pour moi, le trouble mental de plus en plus apparent de Nina est beaucoup relié à sa relation extrêmement malsaine avec sa mère qui, en abandonnant sa carrière de ballerine pour donner naissance à sa fille, a transposé sur elle tous ses rêves, mais surtout toutes ses obsessions. Elle la déifie tout en l'infantilisant et peint sans arrêt son visage en pleurant (!). Elle la couve maladroitement de façon compulsive.
Comme Lily, la mère est toujours habillée en noir. Je me suis donc aussi demandé, à un moment, si ce personnage n'existait pas seulement dans la tête de Nina, et ne faisait pas partie de la création du personnage du cygne noir...

Autre personnage hyper intéressant et également profondément dérangeant, le rôle du chorégraphe, interprété par Vincent Cassel. Seule figure masculine du film, complètement vénéré par tout un harem, il profite de sa position (de père?) pour pousser Nina dans ses derniers retranchements.
En fait, Nina se transforme tranquillement en animal. Elle devient, physiquement et mentalement, cet animal que tous lui demandent d'incarner avec vérité. Et on y croit, surtout grâce à l'actrice, dont la transformation est extraordinaire. En effet, à mesure que changent sa voix, son regard, son corps et ses gestes, son état mental se détériore...

Un petit mot, finalement, sur l'aspect visuel, très intéressant. Aronofsky a presqu'entièrement filmé caméra à l'épaule, ce qui donne une impression de vertige qui permet encore plus l'identification avec le personnage. Il a aussi filmé son actrice en gros plan, pour qu'ainsi les moindres détails de sa transformation nous soient perceptibles.

Je n'en dis pas plus, mais vous aurez compris qu'un film qui fait réfléchir à ce point ne peut que nous laisser un souvenir indélébile, dont on n'est pas trop décidé à savoir si on veut s'en débarrasser ou non...

Dernière chose, au début du film, Nina raconte un rêve à sa mère, qui raconte le film en entier... Tout cela ne pourrait-il être qu'un rêve?

vendredi 4 février 2011

Une nouvelle série déjantée: It's always sunny in Philadelphia

Je sais, cette série n'est pas nouvelle, mais je viens de la découvrir.

J'ai regardé les deux premières saisons (il y en a six pour l'instant), et je suis sous le charme - si tant est que l'on puisse trouver cette série charmante... Car, il faut bien le dire, on est ici dans l'irrévérence la plus totale (Weeds peut aller se rhabiller sur le plan du 'non politiquement correct').

Il s'agit donc de la vie quotidienne de quatre trentenaires habitant à Philadelphie et possédant un pub irlandais bien peu fréquenté. Trois amis d'enfance (Mac, Charlie et Dennis) et la soeur de l'un d'eux (Deandra) passent donc leur vie dans cet établissement, qu'ils tentent tant bien que mal de faire marcher tout en buvant abondamment.

Premier fait à noter : les personnages sont tous tellement égocentriques et non tourné vers leur prochain que j'en ai été plusieurs fois mal à l'aise. En effet, il est rare que les quatre personnages principaux d'une série soient tous à ce point détaché de tout sens moral.

Donc, ils vivent évidemment des situations rocambolesques, mais l'un des intérêts de la série se situe justement dans leur manière de se sortir de ces fâcheuses positions. En fait, ils font toujours exactement le contraire que le gros bons sens nous dirait, nous êtres moraux, de faire... Et c'est très drôle!
Tous les sujets les plus chauds y passent et en prennent évidemment pour leur rhume. Par exemple, non seulement ils sont racistes et se moquent ouvertement des handicapés, mais ils ont des amis qui pratiquent l'inceste, et choisissent leur camp lors d'une manifestation pour (ou contre) l'avortement en fonction de la beauté des filles! Et je ne veux pas trop en dire, mais ils font bien pire…

Également, ils sont tellement égoïstes que les problèmes de leurs amis sont toujours matière à la rigolade, même les plus graves. Ils passent leur temps à s'organiser entre eux pour faire souffrir l'un des leurs, ils sont toujours en compétition pour un tout et un rien et ils ne voient jamais plus loin que le bout de leur nez.

Lors de la deuxième saison, arrive un nouveau personnage, interprété par Danny DeVito. Il ajoute à l'impertinence de la série en personnifiant le père de Deandra et Dennis, qui décide de quitter sa femme et de donner sa fortune aux pauvres (vous vous doutez que ses enfants tenteront de l'en empêcher). Dans une tentative pour se rapprocher de ses enfants, il décide de faire partie de la bande, emménage avec Charlie et achète une partie du bar. Donc, il est là pour rester!

La série est une idée originale de Rob McElhenney (Mac), mais les trois copains écrivent tous ensemble, même les dialogues. En fait, il est important de comprendre que sous des couverts particulièrement déplaisants, les personnages (et donc les auteurs) abordent des thèmes totalement tabous de façon intelligente et sympathique. Oui, il y a parfois malaise, et il est vrai que l'humour est à l’occasion un peu limite et simpliste. Mais pour le courage de ces énergumènes et certaines scènes d'anthologie, ça vaut le détour.

Je ne suis pas en mesure de mettre de plus longs extraits pour vous donner une idée. Je n'en trouve tout simplement pas. Désolée.

'The Town' Trailer HD