dimanche 28 août 2011

Quelques films américains loués cet été - vite fait

Je vous présente aujourd'hui trois films américains loués cet été. Trois films très bien faits, au potentiel évident et à l'idée de départ très intéressante. Mais comme souvent, la bonne idée a tendance à s'affriter à cause d'un traitement final moralisateur à l'eau de rose...

The adjustment bureau
Bien que complètement invraisemblable, The Adjustment Bureau recèle un charme particulier, probablement grâce aux acteurs Matt Damon et Emily Blunt. Damon y interprète David Norris, un candidat politique new-yorkais assez carriériste qui tombe amoureux d'une danseuse libre d'esprit. Jusqu'ici, tout va bien. Sauf que ce n'est pas le destin qu'avaient tracé pour Norris les hommes du Adjustment Bureau.
Ils font donc tout pour empêcher les amoureux d'être ensemble.

Le film, inspiré d'une nouvelle de Philip K.Dick, commence très bien, le scénario étant construit de façon rythmée et la problématique de départ provoquant immanquablement des questionnements profonds. En effet, nous nous questionnons aussitôt sur notre propre destinée. Dans ce monde où tous savent toujours où nous nous trouvons, ce que nous faisons, ce que nous achetons, sommes-nous réellement libres de notre destin? L'amour est-elle la dernière chose authentique qu'il nous reste?

Intéressant. Mais malheureusement, la fin du film gâche selon moi tout le reste tant elle est profondément prévisible et sans originalité, ainsi que quelques scènes comiques (le collègue du héros) complètement décalées par rapport au reste du film, qui nous laissent parfois pantois...

Limitless
Selon moi le meilleur de ces trois films, j'ai beaucoup aimé Limitless, justement parce qu'au moment précis où l'on croit que le film va basculer dans la morale ostentatoire, c'est vers l'opposé que le scénario se dirige.

Ici, un jeune écrivain très paumé (Bradley Cooper), qui vient de se faire larguer par sa copine (Abbie Cornish), se fait offrir, par une vieille connaissance, une drogue lui permettant d'utiliser son cerveau à son plein potentiel. Ce qui s'annonçait comme une expérience devient vite un mode de vie, car le chemin tracé pour le héros est ici complètement transformé.

En effet, il accède vite à des sphères de pouvoir autrefois totalement incongrues pour lui, tout en flirtant avec la pauvre pègre pour se procurer ses pilules miracles. Contraste intéressant, et nous en venons évidemment à nous demander dans lequel de ces monde on retrouve les plus grands criminels.

Bien que le scénario souffre de certains écueils - on saute souvent du coq à l'âne, certaines scènes sont très prévisibles et les personnages secondaires trop peu travaillés, surtout celui de la copine, qui semble être là seulement comme faire valoir du héros -, visuellement et auditivement, les scènes au cours desquelles le personnage est drogué sont magnifiques, ainsi que plusieurs plans (voir le plan séquence du début, où l'on avance hyper rapidement dans la ville de New York). Musique rythmée, couleurs particulières et flous auditifs et visuels rendent parfaitement compte des trips du personnage.

Le film pose aussi des questions intéressantes sur la nature humaine, sur notre rapport au succès (le nôtre ou celui de quelqu'un de proche), sur les grandes ambitions qu'il faut savoir gérer... À voir si vous ne voulez pas trop vous casser la tête, mais que vous voulez en avoir plein les yeux.


Unknown
Un peu moins intéressant que les deux films ci-haut, Unknown, basé sur le roman Hors de moi de Didier Van Cauwelaert, avait pourtant bien commencé. L'arrivée dans une ville inconnue (ici, Berlin), pour un congrès, d'un médecin et de sa femme un peu mystérieuse attirent l'intérêt. L'atmosphère est froide, bleutée, rien n'est rassurant. On pressent que le séjour du couple ne sera pas de tout repos.
Mais rapidement, les péripéties vécues par les personnages me sont parues sans intérêt.

Car ici, on assiste au problème inverse. C'est-à-dire que la fin est assez surprenante merci, voire assez bonne. Mais le film comme tel est tellement invraisemblable que l'on se désintéresse complètement des personnages et de ce qui peut bien leur arriver. Donc, arrivés à la scène finale, très réussie, on ne peut s'empêcher de repenser aux détails qui semblent manquer, aux trous scénaristiques, aux batailles inutiles. Mais je suis certaine que le livre est bon et je ne crois pas que le cinéast espagnol Jaume Collet-Serra, qui nous avait donné The Orphan (À voir! Mais pas seule le soir), soit en cause...

Quant aux acteurs, Liam Neeson est égal à lui-même, fâché au regard à la fois perçant et inquiétant, dans le sens où on se demande toujours s'il est pas un peu cinglé. January Jones, que je trouve magnifique de retenue, de sobriété et de subtilité dans le rôle de Betty Draper dans Mad Men est ici somme toute assez mauvaise. On peine en effet à croire à son personnage. Et vraiment, Diane Kruger en chauffeur de taxi? Difficile à croire...

Relouez-vous Frantic, le chef-d'oeuvre de Roman Polanski, dont le film s'inspire de toute évidence. Vous serez bien plus surpris, touchés et aurez moins l'impression d'avoir perdu votre temps.