lundi 19 décembre 2011

À louer... Beginners et Crazy Stupid Love

Beginners

Malgré quelques longueurs, j'ai beaucoup aimé ce film, très original et touchant au possible. En effet, cette histoire (vraie, c'est celle du scénariste et réalisateur) d'un fils d'une trentaine d'années un peu à côté de la plaque à qui le père avoue à 75 ans, après la mort de sa femme, qu'il est homosexuel, est très intéressante.

En fait, l'aveu du père, interprété par un Christopher Plummer vraiment extraordinaire, et sa façon complètement déjantée de vivre sa nouvelle vie d'homme sorti du placard, réveillera en quelque sorte le fils (Ewan McGregor), jeune homme renfermé et secret qui n'a jamais pu faire durer une relation amoureuse.

En fait, moi qui vient de finir de lire La Délicatesse de David Foenkinos (et qui ai adoré ça), je dirais que Beginners est un film délicat. Un film où tout est suggéré, où les sentiments des hommes sont traités avec justesse, sans trop ni peu de détails, et où l'on se reconnaît indéniablement.

Le père et le fils étant donc débutants dans le domaine de l'amour véritable, ils apprendront tous deux à faire face à l'espèce de perte de contrôle que provoque la passion amoureuse. En effet, le fils rencontrera une jolie et excentrique actrice française (Mélanie Laurent) au contact de laquelle il commencera son apprentissage. Je dirais d'ailleurs que les scènes entre les deux nouveaux amoureux finissent par être moins intéressantes que celles impliquant Hal, le père, probablement parce que parfois un peu déjà vues...

Le père, lui, vivra les cinq dernières années de sa vie dans une espèce de cocon de bonheur, tentant de vivre toutes les expériences qu'il s'est refusées toute sa vie. De beaux et touchants moments de cinéma.

Beginners, c'est aussi un film que l'on sent sincère, sachant qu'il s'agit en quelque sorte d'un hommage qu'un fils rend à son père. Un fils qui se doit de faire le deuil de ce père qui a vécu une vie malheureuse pour ne pas offenser les bien-pensants.

Plusieurs éléments de mise en scène, parfois un peu plaqués mais inventifs, s'avèrent au final remplis de sens, voire poétiques. J'ai beaucoup pleuré devant ces éléments et ces personnages représentatifs d'une profonde humanité, à la fois remplis de force et de vulnérabilité.



Crazy stupid love

Petite comédie un peu moralisatrice et très axée sur les fameuses valeurs américaines plaçant la famille au coeur des priorités de vie, ce film est tout de même étonnant.
Réalisé par le duo formé de John Requa et Glenn Ficarra, qui nous avaient donné le très bon I Love You Philipp Morris, Crazy Stupid Love s'avère au final être un film touchant et drôle.

Évidemment, la distribution d'exception y est pour quelque chose. Steve Carell, dans son habituel rôle de perdant un peu à côté de la plaque mais très attachant, se débrouille très bien et n'en fait jamais trop. Ryan Gosling, qui endosse ici le rôle d'un séducteur qui donnera des conseils dans ce domaine au personnage de Steve Carell, est également parfait. Sans compter la présence étincelante de Marisa Tomei en institutrice ex-alcoolique et de Julianne Moore, en ex-femme en crise de milieu de vie.

Un tableau typique, mais des dialogues et des situations qui le sont moins et qui se dirigent souvent dans la direction où on ne les attend pas... pour finir par nous surprendre avec un punch final que l'on n'avait vraiment pas vu venir!

En fait, les personnages ne sont pas unidimensionnels, et c'est ce qui fait selon moi le charme de ce film, qui s'avère au final une plutôt belle surprise.


En passant, j'ai réécouté Fargo des frères Coen et franchement, ça n'a pas vieilli. À voir ou revoir absolument!

jeudi 15 décembre 2011

The Devil's Double

Ouf!! Ce film m'a marquée, et ça m'en prend tout de même pas mal. J'y pense depuis une semaine. Voici enfin un film de qualité, porté par un acteur exceptionnel et un scénario (basé sur une histoire vraie) totalement hors du commun. Toutefois, les critiques sont mitigées. On aime ou on n'aime pas. J'aime.

Oui, cette histoire, qui raconte une partie de la vie d'Uday Hussein, fou furieux et fils de Saddam durant son règne sanguinaire, est racontée avec beaucoup de clinquant et une violence parfois difficile à supporter. Par contre, il faut comprendre que le point de vue est celui de Latif Yahia. Latif est en fait un ancien compagnon de classe d'Uday, qui, malheureusement pour lui, ressemble de façon confondante au fils du dictateur. Il devra donc, sous la menace et pendant une longue période, être le double d'Uday, allant au front à sa place et faisant pour lui sa bien basse besogne. Latif goûte donc au luxe et à la volupté, mais il est aussi témoin de meurtres et de viols perpétrés par un homme qui n'est pas sain d'esprit.

Réalisé par Lee Tamahori, ce Néo-zélandais qui nous avait donné le magnifique et cru Nous étions guerriers, le film est très perturbant. On a en effet l'impression d'être témoins, au même titre que Latif, de la folie humaine et des dérives sadiques et sanguinaires dont les fils de tirans sont parfois capables.

Impossible ici de passer sous silence le travail extraordinaire de Dominic Cooper, qui joue à la fois Uday et Latif, qui sont souvent dans le même plan. Avec une grande subtilité, Cooper parvient à les rendre complètement différents, que ce soit à travers un éclat de folie dans un oeil pour un, ou une légère retenue par rapport à la gestuelle pour l'autre.

J'y ai rêvé - le fou de balançait dans une poubelle la tête en bas et me tirait une balle dans chaque talon - et j'y rêve encore. J'ai fait de nombreuses recherches, pour m'apercevoir que la plupart des événements présents dans le film étaient véridiques. Il semble même que la violence des événements a été diminuée, sinon le public n'y aurait pas cru... Ça donne froid dans le dos.

Il est vrai que le scénario du film souffre parfois de certaines répétitions en ce qui a trait aux agissements d'Uday, et on pourrait y voir une vision américanisée de l'Irak, donc une vision quelque peu unidimensionelle. Mais cela n'empêche pas le film d'être divertissant, perturbant et de rester en tête longtemps. C'est déjà beaucoup!

Ne vous fiez pas à la pochette, qui j'avoue ne donne pas le goût de louer le film.
Et comme toujours, si vous détestez, je suis ouverte aux débats!

vendredi 2 décembre 2011

La Piel que Habito (2011) - Pedro Almodovar la bande annonce VO

La piel que habito - Un très bon Almodovar

Encore une fois, Almodovar réussit à surprendre. Par contre, point de mélo ici, plutôt une pure et totale originalité. Aussi, on peut y voir un véritable hommage au cinéma, de la part d'un homme qui s'y connaît.

En fait, il s'agit de l'histoire très sombre d'un médecin qui tente de se venger en effectuant des manipulations génétiques sur un cobaye en lui redonnant les traits de sa femme perdue. Il habite dans une immense maison avec sa 'servante' et ce cobaye qu'il épie en tout temps grâce à un ingénieux système de caméras. On peut difficilement en dire plus sans vendre des punchs importants et jouissifs...

Ce film pourrait être analysé de mille façons. D'abord, il m'apparaît clair que le cinéaste rend ici hommage au film Les yeux sans visage, de George Franju, considéré comme l'un des premiers films d'épouvante. À cause de la distanciation créée par les caméras de surveillance (c'est-à-dire que le cinéaste nous indique constamment que nous sommes au cinéma), on pense à Peeping Tom, de Michael Powell, un classique du genre, et à Body Double de Brian de Palma (en fait, toute l'oeuvre de ce cinéaste fait état de l'aspect factice du cinéma, nous renvoyant à tout coup à notre propre réalité de spectateur).

Hommage au cinéma, donc. Plusieurs clins d'oeil et citations, mais aussi hommage au médium comme tel, à la caméra et aux spectateurs, ces éternels voyeurs qui épient les personnages par le trou de la serrure en voulant toujours plus de détails croustillants.

La Piel que habito est un film clinique et assez froid, sauf que tous les personnages atteignent un niveau de folie tel que cela dépasse l'entendement et le réalisme, Antonio Banderas en tête, lui qui trouve enfin ici un rôle à sa mesure. Aucun personnage n'est sain d'esprit, et cet état de fait donne lieu à des ruptures de ton totalement décapantes tout au long du film. Tout est donc permis, et ainsi, toutes les folies deviennent bizarrement crédibles.


Le film, adapté du livre Mygale, de Thierry Jonquet, est à l'image de son personnage principal: fou, froid, radical, fascinant et choquant à la fois tout en ayant, de façon indescriptible, quelque chose d'attachant.


En fait, Almodovar parvient ici à se réinventer tout en revenant à ses premières amours. Selon le moment du film, on vogue à travers nos souvenirs de ses propres films et l'inventivité dont Almodovar fait preuve dans ce fillm particulier, tant du point de vue de l'esthétique que de celui du scénario. On pense, pour l'aspect original et farfelu, à ses premiers films, comme La loi du désir ou Talons aiguilles. Mais aussi, on se dit que l'on est devant l'oeuvre d'un grand maître, qui est en total contrôle de son médium.

La piel que habito est un mélange de drame d'horreur, de film romantique et de thriller psychologique. Sa grande qualité est selon moi de nous forcer, à travers tous ces genres cinématographiques, à nous questionner en tant que spectateur. Sommes-nous ici les cobayes, devons-nous nous mettre à la place de Vera Cruz (d'ailleurs le titre d'un vieux western américain)? Sommes-nous plutôt le bourreau, le savant fou qui va toujours plus loin dans l'expérimentation et dont les agissements sont de moins en moins éthiques? Je pencherais plus de ce côté... Je crois qu'Almodovar tente de nous faire prendre conscience du fait que les limites peuvent être dépassées, mais qu'on le fait à nos risques et périls, qu'il soit question d'enjeux de société ou du médium cinéma.

Quoi qu'il en soit, on se rappellera longtemps des deux derniers mots du film...

dimanche 20 novembre 2011

l'Homme qui voulait vivre sa vie - Bande annonce (VF)

L'homme qui voulait vivre sa vie

Quel film bizarre et quelle histoire de fou!

Il est difficile de parler du film L'homme qui voulait vivre sa vie, car je ne voudrais pas gâcher le plaisir que j'ai eu à découvrir, minute après minute, les chamboulements dans la vie de cet homme. D'ailleurs, je trouve que le preview en dit trop. Et je vais aborder dans mon texte certains sujets qui pourraient vous mettre la puce à l'oreille. C'est votre choix...

Cet homme, c'est Paul Exben - Romain Duris, qui est très bon, mais il faut l'aimer au premier abord car il est de tous les plans -, un avocat dont la carrière marche très bien. Il a de l'argent, une belle femme, deux enfants. Mais il vit avec une insatisfaction qui se veut de plus en plus insistante. En effet, Paul aurait voulu être photographe...

Lorsque sa femme lui annonce qu'elle veut divocer, le monde de Paul s'écroule. Mais il s'écroule d'une façon que l'on ne voit pas du tout venir. Et par la suite, tout ce qui va arriver au personnage sera des plus surprenants, et ce, jusqu'à la toute fin, complètement déstabilisante. En fait, le scénario se dirige toujours dans la direction opposée au bon sens et donc le personnage fait toujours la chose qu'une personne censée n'aurait surtout pas faite. Très bizzare... mais en même temps intéressant.

En fait, le film aborde un sujet très particulier dont la prémisse nous a tous passé par la tête à un moment ou à un autre: et si je recommençais tout à zéro? Et si je disparaissait à jamais? Mais est-ce un fantasme, est-il possible de disparaître indéfiniment? Finit-on toujours par faire une gaffe et par se faire reconnaître, surtout aujourd'hui, où les frontières sont de plus en plus floues?

Je ne veux pas trop en dire, mais disons que j'ai pensé à Monsieur Ripley. Adapté d'un roman de Douglas Kennedy, le film est aussi un bel hommage au cinéma d'Antonioni, que ce soit par rapport sujet abordé (qui rappelle Blow Up et surtout Profession Reporter - génial, avec Jack Nicholson-, à l'esthétique particulier ou à l'idée de la disparition, très présente dans les films de ce cinéaste vraiment extraordinaire.

Les amateurs de bon thriller adoreront. Moi, j'en aurait pris plus. J'aurais suivi les aventures de Paul encore longtemps.

dimanche 13 novembre 2011

'50/50' Trailer

50/50 - très touchant

Dans 50/50, un jeune homme de 27 ans apprend, après avoir consulté un médecin pour des maux de dos, qu'il a un cancer. Il a une chance sur deux de s'en sortir. Nous assistons donc à son combat, à ses moments d'espoir comme de découragement, à ces instants d'intenses frustrations comme à ceux partagés avec des amis compréhensifs ou des vieux hommes très attachants rencontrés à l'hôpital. Bien que le film verse parfois dans l'humour, il est clair que le sujet est grave, triste et perturbant, surtout quand quelqu'un de notre entourage est aux prises avec la maladie. Attendez-vous donc à pleurer autant qu'à rire!


En fait, lorsqu'il apprend l'horrible nouvelle, Adam (Joseph Gordon-Levitt, hyper touchant - c'est lui qui jouait dans 500 days of Summer, film à voir!), bien qu'entouré de nombreux proches, s'effondre. Comment faire? Comment s'y prendre pour passer à travers cette épreuve? Sans répondre à ces questions, son ami fidèle, joué par Seth Rogen, restera avec lui et sera présent lors de chaque étape de la guérison. Autre personnage intéressant, celui de la psychologue que lui réfère l'hôpital. Jeune femme en tout début de carrière, elle est complètement dépassée par ce cas, beaucoup trop complexe pour une psy aussi inexpérimentée. Elle tente donc très maladroitement d'aider le jeune homme, mais semble parfois faire pire que bien. Interprétée par Anna Kendrick, actrice très intéressante (Up in the Air), ce personnage est selon moi le pivot du film. La mère (Angelica Huston) d'Adam, complètement désarçonnée, est aussi très touchante.

Le personnage de la blonde pas mal 'bitch' d'Adam (Bryce Dallas Howard), égocentrique au possible, ainsi que les deux copains que se fait Adam lors de ses traitements de chimio complètent la galerie de personnages qui entourent Adam. D'ailleurs, les scènes avec les copains malades sont parmi les plus touchantes, justes, et bien que drôles, elles crèvent le coeur.

En fait, le film aborde un sujet très difficile et le traite avec beaucoup de respect, sans fioriture. Cela paraît que l'un des artisans qui a monté ce projet a vécu la même expérience. 50/50 est un film ancré dans son époque, réaliste et assumé, qui atteint sa cible.

dimanche 6 novembre 2011

In A Better World (Hævnen) - Trailer w/ English subtitles

Horrible Bosses - Official Trailer [HD]

À louer...

D'abord, In a better world, de la réalisatrice danoise Suzanne Bier, qui nous avait donné le très intéressant Brothers, qui a d'ailleurs fait l'objet d'un remake américain beaucoup moins intéressant (surprise!), est un film percutant. Gagnant de l'oscar du meilleur film en langue étrangère devant Incendies, on parle ici d'un film déstabilisant, peu agréable, mais étonnamment prenant et touchant.

Ciblant deux pré-adolescents dans un passage particulièrement intense de leur vie - l'un est le souffre-douleur de son école dont les parents sont en instance de divorce et l'autre vient de perdre sa mère -, la réalisatrice s'attarde à leurs questionnements et à leur façon de composer avec la fatalité.

En effet, ils seront témoins d'un événement qu'ils n'accepteront pas. Ainsi, le désir de vangeance grandira en eux et ils seront confrontés, bien jeunes, à des questionnements éthiques contemporains.

Les deux petits acteurs sont tout simplement géniaux. L'un est tellement intense qu'il en est épeurant, et l'autre, plus introverti, joue parfaitement la carte de l'enfant facilement manipulable, mais authentique et bon.

En effet, il est possible de se demander si la réalisatrice ne propose pas ici une réflexion sur le bien et le mal. L'un des enfants, froid et distant et ayant toujours des manvaises idées est-il le mal incarné? L'autre, battu mais aimant, représenterait-il le bien? Est-ce réducteur d'y voir un combat entre le bien et le mal? Ça reste à discuter. Mais le père d'un des enfants, médecin dans un camp de réfugiés en Afrique, est également confronté à ce genre de problème: doit-il soigner un homme qu'il sait être meurtrier devant un village qui le conspue? Ne devrait-il pas plutôt le livrer aux villageois pour qu'ils puissent se venger?
Il semble avoir de la difficulté à vivre selon les principes qu'il tente d'inculquer à son fils... En même temps le rapport entre les deux histoires n'est pas clair. Que veut nous démontrer la réalisatrice? Y a-t-il des moments où il est correct de se venger?

In a better world est un film difficile mais touchant. Le thème de la vengeance est universel et n'a pas d'âge. On est donc immanquablement happé par cette histoire. Mais le film m'a semblé, parfois, un peu prévisible, car le point de vue adopté n'est pas tellement nuancé. Il aurait selon moi été plus intéressant si la ligne directrice avait été plus floue et les zones grises plus présentes.


Ensuite, dans un tout autre ordre d'idées, une petite comédie américaine qui m'a fait beaucoup rire: Horrible Bosses... (en passant, la bande annonce ne rend pas honneur au film)

Je sais, les gags ne sont pas nouveaux, mais il est clair que les acteurs s'en sont donnés à coeur joie et qu'ils ont eu du plaisir à jouer dans ce film. Colin Farrel, Jennifer Aniston, Kevin Spacey, tous très drôles dans ces contre-emplois, personnalisant des patrons complètement farfelus. Les trois comparses qui voudraient bien s'en débarrasser sont tout aussi délirants, et il y a une réelle chimie entre les trois copains - mention spéciale à Charlie Day, de l'émission It's always sunny in Philadelphia, qui me fait toujours mourir de rire avec sa bouille d'éternel plaignard qui ne cesse de faire des gaffes.

Pour compléter cette distribution de haut niveau, Jamie Foxx est hilarant dans le rôle de Mutherfucker Jones, un simili gangster que les amis engagent à prix fort pour les aider à élaborer leurs meurtres... Évidemment,rien ne se déroulera comme prévu.

Ce qui est drôle dans ce film et qui fait du bien, c'est que c'est complètement non politiquement correct et que c'est assumé jusqu'à la fin. Ici, pas de morale bidon à la fin du film, chose qui survient assez souvent et qui a tendance à me tomber sur les nerfs assez intensément. Non, juste une partie de plaisir coupable, mais assumée.

dimanche 16 octobre 2011

Coteau Rouge

Coteau Rouge, d'André Forcier

André Forcier est un cinéaste extraordinaire qui se situe dans une classe à part. Ses films sont le reflet toujours totalement décalé de nos travers et de nos contradictions. Depuis toujours, il campe ses films dans des quartiers (Coteau Rouge), des familles (L'eau chaude, l'eau frette), des milieux (La comptesse de Bâton-Rouge) qui vivent selon leurs propres règles. Cinéaste profondément surréaliste, dans le sens noble du terme, il est selon moi clair qu'André Forcier a construit, au fil de ses films, un monde à la fois mythologique et réaliste qui est un reflet inattendu mais juste de la société québécoise.

Ici, il campe donc son récit à Coteau Rouge, un quartier populaire de banlieue qu'un promoteur immobilier voudrait bien pouvoir transformer en condos de luxe. Prémisse somme toute déjà vue, elle n'est que le prétexte à l'élaboration d'un scénario tournant autour d'une galerie de personnages haute en couleurs, déjantée et farfelue, tout en se situant toujours à la limite du réalisme.

Par exemple, ce promoteur et sa femme (Roy Dupuis et Céline Bonnier) font porter leur bébé par la mère de celle-ci, âgée d'au moins 60 ans, pour ne pas abîmer son beau corps. Sauf qu'ils se mettent à croire à leur propre subterfuge, et semblent vraiment ressentir les symptômes associés à la condition. Étrange et légèrement dérangeant... Céline Bonnier, comme toujours chez Forcier, est hilarante, toujours juste. On y rencontre aussi un ancien boxeur qui a perdu un biceps (Mario Saint-Amand), une famille qui est reconnue pour faire disparaître les corps des malvenus de belle façon, et plusieurs citoyens qui se battent pour conserver leur quartier intact, et pour pouvoir continuer à y étendre leur lessive...

Évidemment, le film, bien que souvent poétique et parfois perturbant, est avant tout une critique sociale anti-individualiste. La famille et les liens serrés qui l'unit sont ici au coeur de l'intrigue. On sent la force de la collectivité, le pouvoir d'être ensemble.

Autre point fort: les dialogues, qui sont vraiment originaux. Ils savent être réalistes lors de situations rocambolesques, et farfelus lorsque l'action ne s'y prête absolument pas. Tout un tour de force.

Cela fait de Coteau Rouge un film imprévisible et captivant.

Bien sûr, il faut accepter la proposition de départ, et se laisser aller en oubliant nos repères...

'Drive' Trailer HD

lundi 10 octobre 2011

Drive, mon film de l'année... à date

Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes, Drive, du Danois Nicolas Winding Refn, est selon moi un film extraordinaire, sur tous les plans. S'adonnant au maniérisme, c'est-à-dire basant son film sur de nombreuses références et interprétations de succès cinématographiques, de genres mythiques, d'acteurs marquants - penser, entre autres à Jimmy Dean, à qui Ryan Gossling, au sommet de son art, fait penser de façon troublante -, le cinéaste parvient à composer une ode au cinéma tout en réalisant une grande oeuvre d'art.

Voir ce film au cinéma est selon moi essentiel, car il s'agit d'embarquer dans la voiture et de se laisser transporter dans le monde du cinéma, dans une ambiance dont on ne sort pas indemne...

Le scénario, selon moi volontairement déjà vu, nous transporte à Los Angeles, évidemment, où un cascadeur automobile (Gosling - perturbant et sexy à souhait), arrondie ses fins de mois en faisant le chauffeur lors de petits vol. On parle ici d'un as du volant... Malgré lui, il se fait embarquer dans une histoire qui le dépasse lorsqu'il s'attache à sa voisine (Carey Mulligan) et son fils. Une histoire que l'on a déjà entendue, mais dont le cinéaste réussit à déplacer le sens à travers des pirouettes visuelles et une utilisation parfaite des références au 7ième art.

L'important, ici, c'est l'image. L'image, les mouvements des acteurs, les ralentis, le montage, la musique extraordinaire, les regards, les décors, le papier peint sur les murs, les costumes, les sourires: tous les détails sont travaillés, étudiés, et renvoient incontestablement à autre chose, sont toujours totalement détournés de leur signification première. C'est parfois un peu déroutant et cela demande du travail de la part du spectateur, une sorte d'adaptation est parfois nécessaire, car le cinéaste semble aimer dérouter...

Par exemple, le film, qui était jusque-là somme toute plutôt tranquille, devient après une heure tout à coup hyperviolent, voire presque gore. On pense alors immanquablement à Tarantino, à qui plusieurs références parsèment le film. Mais il y a aussi un aspect onirique, une musique, une ambiance sonore et une façon très ambigüe de cerner les personnages - nous nous demandons sans cesse s'ils sont bons ou méchants - qui rappellent David Lynch, un aspect guerrier solitaire qui nous ramène aux westerns, des décors qui nous rappellent les films de gangster des années 70 et dont les ballades en voiture, en solitaire et au ralenti, font écho au plus connu des taxi driver.

Bref, Refn, qui nous avait aussi donné le film Bronson, génial à sa façon, est sans contredit un amoureux fini du cinéma. Il a ici réussi à faire un film génial, touchant et dérangeant, dont le trailer me donne encore des frissons. Un vibrant hommage au cinéma, et un acteur dont la dégaine rappelle celle des plus grands. Vraiment, le meilleur film que j'ai vu cette année.

dimanche 2 octobre 2011

lundi 26 septembre 2011

Paul - une belle surprise

Très bon petit film que ce Paul, réalisé par Greg Mottola, qui nous avait donné, entre autres, Adventureland, que j'avais trouvé très charmant.

Ici, on est moins dans le charme que dans la comédie pure et simple. Si vous avez aimé, comme moi, Shaun of the Dead (si vous ne l'avez pas vu, louez-le!), la parodie des films de zombies faite par la même gang, vous serez sans doute intéressés par l'humour déjanté et corrosif de ce film.

On y suit les aventures de deux anglais complètement geeks - lire amateurs de Comic-con et autres BD - qui débarquent aux États-Unis pour voyager sur la mythique route où plusieurs ovnis ont été repérés...

Nos deux anti-héros, interprétés par Simon Pegg et Nick Frost, qui ont aussi écrit le scénario, rencontrent par pur hasard (!) sur leur route un certain Paul, alien de son état, qui vient de s'échapper d'une centrale gouvernementale qui voulait voler son cerveau, cerveau qui en connaît d'ailleurs un tas sur tous les sujets - il a par exemple conseillé Spielberg sur plusieurs de ses films, et a eu l'idée du personnage de Mulder dans X-Files!

Nos deux comparses acceptent donc de l'aider, et malgré quelques réticences, ils partent sur la route avec cet être particulier, dont la voix, hilarante, est celle de Seth Rogen. En tant que tel, il est clair que le Paul en question fait littéralement le film. Il est hyper vulgaire, porté sur la chose, et même si habituellement l'humour un peu grossier ne me fait pas rire, je l'ai trouvé tout bonnement tordant! Il boit, il fume de tout, il danse... Il n'est pas politiquement correct, pour dire le moins. On est loin d'E.T.!


Au cours de ce road movie, ils sont évidemment poursuivis par de gros méchants et rencontrent des personnages hauts en couleur, représentatifs d'une Amérique dont on ne se lasse pas de décortiquer les travers. Ces personnages sont représentatifs, aussi, d'une histoire du cinéma de science-fiction américain, dont la plupart des classiques ont droit à un hommage. De nombreuses références parsèment en effet le film, allant de Superman à Star Wars en passant par, évidemment, Encounters of the Third Kind, et comprenant, bien entendu, une super référence à Alien, film de science-fiction par excellence.

Une visite intéressante à travers un genre cinématographique (uniquement?) mythique auquel plusieurs vouent une véritable et un peu particulière adoration.

Bien sûr, si vous détestez le genre, ne louez pas ce film. Sinon, le charme opèrera à coup sûr, et vous passerez un bon moment. À louer pour égayer un soir d'automne.

dimanche 25 septembre 2011

Dexter saison 5



bridesmaids

Damages (s.3) et Dexter (s.5) deux séries qui s'améliorent avec les années

J'aime beaucoup ces deux séries, très différentes l'une de l'autre, mais également bien ficelées et écrites. Attention! Les trailers donnent des punchs, pour ceux qui ne sont pas rendus là!!

Dexter

Comme toujours, Dexter, expert en taches de sang pour la Miami Metro police, continue son oeuvre parallèle, qui consiste à éliminer les malfrats et autres violeurs. Cette saison-ci, toutefois, il se remet difficilement d'un très grave traumatisme pour lequel il se sent responsable.

La culpabilité le forcera d'ailleurs à s'occuper d'une jeune femme (excellente Julia Stiles) traumatisée, agressée et laissée pour morte par cinq copains d'enfance qui n'en sont pas à leur première expérience su genre. Un terreau fertile pour Dexter, qui peut s'en donner à coeur joie, bien que certains d'entre eux s'avèrent être des adversaires de taille - je pense à Johnny Lee Miller, qui interprète Jordan Chase, un genre de motivateur personnel vraiment peu rassurant.

La relation qu'il construit avec cette femme, Lumen, qui devient en quelque sorte sa partenaire dans le crime, est selon moi l'attrait principal de cette saison 5. Il se sent à l'aise avec elle, car elle est la seule à le connaître véritablement. Mais cela peut-il durer? Ils retrouvent ensemble un semblant de paix intérieure, mais le 'dark passenger' de Lumen est-il permanent comme le sien?

Évidemment, comme lors de chaque saison, certains collègues de travail soupçonnent cet être si particulier d'activités un peu louches, et Dex réussit toujours à les semer... de façon parfois un peu tirée par les cheveux, j'en conviens.

Tout de même, une saison particulièrement enlevante selon moi. Même si les intrigues secondaires sont totalement initéressantes, les méchants sont dignes de ce nom et des monologues intérieurs de Dexter particulièrement décapants, intéressants, toujours aussi critiques par rapport aux travers de l'Amérique.

Damages

Totalement différente, la série Damages est construite sous la forme d'un excellent suspense de 12 épisodes. Élaborée en flash back, on nous montre la fin au début avant de recoller les morceaux devant nous, mais toujours de façon complètement inattendue.

En effet, on interprète toujours mal les flashback. Même si on connaît le stratagème des scénaristes, on se fait avoir à tout coup! Très fort...

Le personnage principal, Patty Hugues (Glenn Close, à glacer le sang), est une avocate très reconnue à New York, tant pour les causes qu'elle défend que pour sa façon, pas toujours disons traditionnelle, de parvenir à ses fins.
Fine manipulatrice, Patty a toutefois rencontré son égal en la personne d'Ellen Page (Rose Byrne), une avocate qui a déjà travaillé pour elle dans les années précédentes et qui se trouve maintenant au bureau du procureur.

On ne sait jamais laquelle des deux est la plus diabolique, laquelle cache un couteau dans sa manche. De qui doit-on se méfier? De l'une, de l'autre, des deux, d'aucune? Telle est la question. Il n'y a pas de blanc ou de noir, mais tout est crade, le pire de l'humain ressortant toujours au contact de Patty Hughes.

Dans cette saison-ci, Patty défend les victimes d'un scandale financier à la Bernard Madoff. Sauf que la famille à la source du scandale n'entend pas à rire et les dommages collatéraux seront importants et irréversibles pour chacun des personnages impliqués.

À voir absolument, après, bien sûr, les deux premières saisons!

En passant, un bon petit film de filles, drôle, irrévérencieux et parfois vulgaire, mais dans lequel chacune va se reconnaître: Bridesmaids.

dimanche 18 septembre 2011

MIDNIGHT IN PARIS (2011) - Woody Allen - Official Movie Trailer - HD 1080p

Midnight in Paris - Que de plaisirs...

D'emblée, je dois dire que je vais toujours voir les films de Woody Allen avec un a priori positif. Donc, bien que peu convaincue au début, trouvant la galerie d'images de la ville de Paris présentées par Allen franchement ringardes, voire clichées, j'ai finalement été happée par le scénario, imaginatif et désarçonnant.

L'histoire ce cet homme, un scénariste original et cultivé à l'imagination débordante contraint par la vie à brimer cette impulsion et à travailler de façon mécanique, s'étant laissé entraîner un peu malgré lui dans une relation qui ne lui convient pas, est touchante.

Arrivé à Paris avec sa fiancée superficielle et peu sympathique (Rachel McAdams, superficielle et peu sympathique) et les parents de celle-ci, Gil, qui tente sans succès d'écrire un livre, est tant inspiré par la Ville Lumière qu'il permet à son imagination de prendre le dessus, à sa céativité de s'émanciper. C'est ainsi que le soir venu, il est transporté dans le Paris des années 20, époque qui représente pour lui le summum du bon goût et de l'audace. Il y rencontre, par pur hasard évidemment, tous les peintres et écrivains qui l'ont inspiré au cours de sa vie et grâce à qui il est devenu scénariste. Il passe avec eux des soirées mémorables, au cours desquels ces génies passés à l'histoire lui exposent leurs théories et lui expliquent leur oeuvre, tout en le considérant comme l'un des leurs.

Le jour, par contre, il est contraint de visiter la ville de toute autre façon, en compagnie de sa fiancée et de deux amis de celle-ci, Paul (Michael Sheen, hilarant) et Carol, des gens blasés et prétentieux, ce qui donne lieu à des scènes franchement joussive. Par exemple, alors que Gil s'est fait expliqué la veille, par Picasso lui-même, la signification profonde d'une de ses toiles énigmatiques, Paul lui sert de fausses banalités auxquelles il croit profondément, ainsi que tous les autres, pendus à ses lèvres... Tant de choses, la nuit venue, à raconter à Dali, à Bunuel ou à Hemingway!

Owen Wilson trouve ici un rôle qui lui sied à merveille. Jamais on ne l'avais vu si à l'aise, si drôle, si pertinent. Vraiment, une révélation. Bien sûr, comme toujours, les personnages secondaires énigmatiques abondent, d'autant plus qu'ici il s'agit de Toulouse-Lautrec, de Zelda et Scott Fitzgerald, ou encore de Louis IV (ah oui, on ne se balade pas que dans les années 20)!

On pense à La Rose pourpre du Caire et à Deconstructing Harry (à voir ou à revoir) ou au segment Oedipus Wrecks dans New York Stories - génial - pour l'originalité du scénario et les libertés prises avec le réel, le vraisemblable. Vraiment, un Woody Allen original et sans prétention. Ne manque que lui, bien que son nouvel alter ego, Owen Wislon, semble tout à fait à sa place.

Midnight in Paris est un film qui, étonnamment, est à la fois nostalgique et contemporain. Vrai qu'on a toujours l'impression que notre époque est moins intéressante que celles qui nous ont précédé. Vrai aussi qu'on a parfois l'impression de passer à côté de notre propre vie, de ne pas faire les bons choix, de se laisser embarquer dans une machine qui fait avancer le temps sans même que nous nous en apercevions.

Un bon Woody Allen, selon moi le meilleur depuis Match Point.

dimanche 28 août 2011

Quelques films américains loués cet été - vite fait

Je vous présente aujourd'hui trois films américains loués cet été. Trois films très bien faits, au potentiel évident et à l'idée de départ très intéressante. Mais comme souvent, la bonne idée a tendance à s'affriter à cause d'un traitement final moralisateur à l'eau de rose...

The adjustment bureau
Bien que complètement invraisemblable, The Adjustment Bureau recèle un charme particulier, probablement grâce aux acteurs Matt Damon et Emily Blunt. Damon y interprète David Norris, un candidat politique new-yorkais assez carriériste qui tombe amoureux d'une danseuse libre d'esprit. Jusqu'ici, tout va bien. Sauf que ce n'est pas le destin qu'avaient tracé pour Norris les hommes du Adjustment Bureau.
Ils font donc tout pour empêcher les amoureux d'être ensemble.

Le film, inspiré d'une nouvelle de Philip K.Dick, commence très bien, le scénario étant construit de façon rythmée et la problématique de départ provoquant immanquablement des questionnements profonds. En effet, nous nous questionnons aussitôt sur notre propre destinée. Dans ce monde où tous savent toujours où nous nous trouvons, ce que nous faisons, ce que nous achetons, sommes-nous réellement libres de notre destin? L'amour est-elle la dernière chose authentique qu'il nous reste?

Intéressant. Mais malheureusement, la fin du film gâche selon moi tout le reste tant elle est profondément prévisible et sans originalité, ainsi que quelques scènes comiques (le collègue du héros) complètement décalées par rapport au reste du film, qui nous laissent parfois pantois...

Limitless
Selon moi le meilleur de ces trois films, j'ai beaucoup aimé Limitless, justement parce qu'au moment précis où l'on croit que le film va basculer dans la morale ostentatoire, c'est vers l'opposé que le scénario se dirige.

Ici, un jeune écrivain très paumé (Bradley Cooper), qui vient de se faire larguer par sa copine (Abbie Cornish), se fait offrir, par une vieille connaissance, une drogue lui permettant d'utiliser son cerveau à son plein potentiel. Ce qui s'annonçait comme une expérience devient vite un mode de vie, car le chemin tracé pour le héros est ici complètement transformé.

En effet, il accède vite à des sphères de pouvoir autrefois totalement incongrues pour lui, tout en flirtant avec la pauvre pègre pour se procurer ses pilules miracles. Contraste intéressant, et nous en venons évidemment à nous demander dans lequel de ces monde on retrouve les plus grands criminels.

Bien que le scénario souffre de certains écueils - on saute souvent du coq à l'âne, certaines scènes sont très prévisibles et les personnages secondaires trop peu travaillés, surtout celui de la copine, qui semble être là seulement comme faire valoir du héros -, visuellement et auditivement, les scènes au cours desquelles le personnage est drogué sont magnifiques, ainsi que plusieurs plans (voir le plan séquence du début, où l'on avance hyper rapidement dans la ville de New York). Musique rythmée, couleurs particulières et flous auditifs et visuels rendent parfaitement compte des trips du personnage.

Le film pose aussi des questions intéressantes sur la nature humaine, sur notre rapport au succès (le nôtre ou celui de quelqu'un de proche), sur les grandes ambitions qu'il faut savoir gérer... À voir si vous ne voulez pas trop vous casser la tête, mais que vous voulez en avoir plein les yeux.


Unknown
Un peu moins intéressant que les deux films ci-haut, Unknown, basé sur le roman Hors de moi de Didier Van Cauwelaert, avait pourtant bien commencé. L'arrivée dans une ville inconnue (ici, Berlin), pour un congrès, d'un médecin et de sa femme un peu mystérieuse attirent l'intérêt. L'atmosphère est froide, bleutée, rien n'est rassurant. On pressent que le séjour du couple ne sera pas de tout repos.
Mais rapidement, les péripéties vécues par les personnages me sont parues sans intérêt.

Car ici, on assiste au problème inverse. C'est-à-dire que la fin est assez surprenante merci, voire assez bonne. Mais le film comme tel est tellement invraisemblable que l'on se désintéresse complètement des personnages et de ce qui peut bien leur arriver. Donc, arrivés à la scène finale, très réussie, on ne peut s'empêcher de repenser aux détails qui semblent manquer, aux trous scénaristiques, aux batailles inutiles. Mais je suis certaine que le livre est bon et je ne crois pas que le cinéast espagnol Jaume Collet-Serra, qui nous avait donné The Orphan (À voir! Mais pas seule le soir), soit en cause...

Quant aux acteurs, Liam Neeson est égal à lui-même, fâché au regard à la fois perçant et inquiétant, dans le sens où on se demande toujours s'il est pas un peu cinglé. January Jones, que je trouve magnifique de retenue, de sobriété et de subtilité dans le rôle de Betty Draper dans Mad Men est ici somme toute assez mauvaise. On peine en effet à croire à son personnage. Et vraiment, Diane Kruger en chauffeur de taxi? Difficile à croire...

Relouez-vous Frantic, le chef-d'oeuvre de Roman Polanski, dont le film s'inspire de toute évidence. Vous serez bien plus surpris, touchés et aurez moins l'impression d'avoir perdu votre temps.

dimanche 31 juillet 2011

Kaboom - Official Trailer [HD]

Kaboom - une fantaisie complètement décalée

J'ai beaucoup aimé ce film, sorte d'ovni inclassable mais film extrêmement amusant. En fait, lorsque l'on regarde ce film, on a l'agréable impression d'être devant une oeuvre originale dont on ne peut deviner la fin, ni d'ailleurs les cinq minutes qui s'en viennent. Il s'agit à la fois d'un film de collège, de science-fiction, de théorie du complot, de sexe et d'érotisme, tout cela se conjuguant dans une espèce de délire post-apocalyptique. Et c'est selon moi très réussi.

L'histoire? Difficile à dire, surtout si on ne veut pas donner trop de punch... Mais disons que nous assistons au départ dans la vie de collégien de Smith, ouvert aux expériences sexuelles de toutes sortes et passant la plupart de son temps avec sa bonne amie Stella. Après une expérience hallucinogène particulière, Smith et ses amis se mettent à éprouver d'étranges symptômes et sont témoins d'événements pour le moins dérangeants... Réalité? Délire paranoïaque? Monde parallèle? À nous d'en décider.

En fait, le film commence comme tous les films de collège américains, avec un antihéros original, à l'écart de la masse et à la sexualité un peu trouble, qui éprouve de la difficulté à se reconnaître dans ce monde du paraître et de la consommation. Mais rapidement, le récit bascule dans une sorte de bizarrerie hallucinante, où tous se révèlent être autre chose que ce qu'ils voulaient bien laisser paraître. Les dialogues sont souvent particulièrement amusants, et les effets spéciaux, un peu passés date, ajoutent à l'aspect kitch et vieille école distillé par ce film.

Bien que la fin soit un peu expéditive et pour le moins délirante, Kaboom est en fait un film de série B très trash et peu politiquement correct qui porte un regard particulier sur le monde, entre autres sur le monde de l'adolescence, plein de contradictions et d'espoirs souvent déçus. Mais attention, on est loin de Breakfast Club!

Bien sûr, je comprendrai que vous voyiez plutôt ce film comme un exercice de style fait par un réalisateur qui se veut très branché et provocateur, mais qui vise parfois à côté de la plaque. Je suis ouverte à la discussion...

'True Grit' Trailer HD

lundi 11 juillet 2011

True Grit, western original

True Grit, le dernier film des frères Coen, est très réussi, à tous points de vue. Ce western, aux allures au préalable très conservatrices, finit par dégager une réelle originalité, tant dans les dialogues que dans le scénario et la direction photo.


Sous forme de quête initiatique, on accompagne d'abord la très jeune Mattie Moss (extraordinaire Hailee Steinfeld, qui fut d'ailleurs très difficile à trouver) dans sa poursuite contre l'assassin de son père. Pour le moins tête de pioche, elle réussit à convaincre un vieux marchall alcolo et bourru (toujours très cool Jeff Bridges) de l'accompagner dans son périple. La petite sera confrontée à bien des situations, mais la peur ne semble pas, au départ, être un sentiment qui l'habite. Se joindra à leurs recherches un ranger texan (Matt Damon) peu sympathique, également à la recherche du fameux Tom Chaney (Josh Brolin). Voilà, le trio improbable de chaque bon western est établi, et évidemment, les rôles du bon, de la brute et du truand s'interchangeront devant l'adversité, chacun ayant sa propre façon de faire face à son destin.

Les dialogues à l'humour noir et corrosif - une constante dans les films des frères Coen - et les images magnifiques et poétiques, toujours teintées d'une touche de froideur glaciale et d'une brume qui inspire à la fois crainte et courage, font de ce film une oeuvre véritablement originale. Et que dire de Jeff Bridges, qu'il nous fait plaisir de revoir chez les Coen, plus de 12 ans après le cultissime Big Lebowski? Sa présence est totalement enivrante, et l'acteur occupe entièrement l'écran, filmé de façon à magnifier son physique déjà imposant. Mais voilà, ce personnage grossier et violent se fait tout de même mener par le bout du nez par une petite fille manipulatrice et décidée. Évidemment, la petite prenant conscience de ce qu'il y a de plus laid et de lâche en ce bas monde, sa confiance à toute épreuve se transforera peu à peu en crainte et en peur, et son désir de vengeance deviendra plutôt une quête personnelle lui permettant de s'affranchir.

En fait, comme toujours, les frères Coen ont réussi à réinventer un genre cinématographique en parvenant à le déconstruire sans le dénaturer. En effet, il y a une véritable modernité dans l'image, la couleur, les dialogues, bien que tous ces éléments soient savamment étudiés et construits pour faire référence au passé.

Le film est le remake d'un film culte datant de 1969, mettant en vedette le fameux John Wayne. Il serait intéressant de le voir pour prendre conscience des changements apportés.

À voir!

mardi 21 juin 2011

The king's speech - Une belle performance d'acteur, un film prévisible

Décidément, l'Académie souffre d'un sérieux manque d'ouverture quant aux nouvelles formes de cinématographies, tant sur le plan visuel que du scénario. En effet, pourquoi choisir ce film plutôt que True Grit des frères Coen par exemple, assez contemporain malgré le fait qu'il s'agisse d'un western, The Social Network, qui a l'avantage de traiter d'un sujet dans le vent ou encore The Black Swan, qui comporte des éléments visuels et scénaristiques vraiment originaux? Vraiment, je ne comprends pas.

Bien sûr, l'idée de ce film est intéressante, et le scénario est construit de façon à nous rendre touchant ce futur roi légèrement désagréable. Le film est d'autant plus intéressant si l'on est attiré par l'Histoire du 20ième siècle. En effet, le roi en question aura une grande importance dans l'histoire de son pays, étant en poste lors du déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale, et étant le père d'Elizabeth II, toujours présente à la tête du Royaume-Uni (et autres...).

Également, dans le rôle de ce futur roi en proie à un bégaiement totalement handicapant, Colin Firth est extraordinaire. Il incarne avec une certaine fragilité cet homme aux prises avec un complexe d'infériorité flagrant promis à un avenir qui le dépasse et qui l'angoisse... avec raison.
Dans le rôle de son professeur de diction engagé par sa femme (Helena Bonham Carter), Goeffrey Rush est aussi très convaincant, quoique son jeu est parfois un peu prévisible, le scénario n'aidant pas.

J'ai aussi bien aimé le fait que les personnages évoluent dans un environnement très fermé, le film se déroulant presqu'uniquement dans une seule unité de lieu (le bureau du professeur), et les scènes les plus importantes ne comportant guère plus de deux personnages (le futur roi et son professeur). Idée intéressante lorsque l'on compare avec d'autres films d'époque ou évoquant la royauté, où la grandiloquence des décors et costumes a tendance à trop appuyer le propos et à laisser peu de place à l'imagination. Ici, il n'y a qu'à la fin, lors du fameux discours, que les éléments physiques, les murs et la grisailles s'éloignent un peu du roi, le laissant ainsi prendre toute la place qui lui revient.

Mais il y a un problème avec ce film: c'est ennuyant, surtout à cause du manque de surprise sur le plan du scénario. En effet, comme il s'agit d'un film historique, il n'y a pas trop de suspense: nous nous doutons bien que le duc deviendra roi. Il aurait donc été intéressant que le scénariste et le réalisateur osent un peu plus, qu'ils poussent plus loin cette idée de malaise par rapport au fait d'occuper à vie une fonction imposée, ou qu’ils approfondissent cette impression d’enfermement que semble vivre le roi, ses pensées étant prisonnières de son esprit, au même titre que son corps est prisonnier de sa fonction .

Bref, un peu long et ennuyant, mais tout de même intéressant, surtout pour Colin Firth.

mardi 14 juin 2011

Déménagement

Juste pour dire que depuis une semaine, jour de mon déménagement, ma vie culturelle en a pris pour son rhume à souhait. Je découvre les joies de la rénovation, des tuyaux qui coulent, des inondations, des chauffe-eau qui sautent et autres parties de plaisir.

Je ne vous oublie pas, et sitôt que j'ai deux minutes je cours au cinéma!
D'ici la semaine prochaine, tout sera rentré dans l'ordre.

lundi 6 juin 2011

Somewhere Movie Trailer Official (HD)

Somewhere - Qui est touché par la misère des riches??

J'ai détesté Somewhere de Sofia Coppola, moi qui avait pourtant adoré The Virgin Suicides et Lost in Translation, et qui avait défendu, dans la mesure du possible, son Marie-Antoinette. Mais là, c'est trop. D'abord, cette 'histoire' tournant autour d'un acteur blasé qui a accès aux plus grands luxes mais qui est déprimé (hon!), perdu et qui a oublié ses valeurs primaires n'est ni intéressante ni nouvelle.

De plus, le style contemplatif que Coppola préconise ici, rappelant le cinéma expérimental et la Nouvelle Vague n'était, selon moi, pas nécessaire. Je comprends l'idée derrière cette façon de traiter son sujet, faisant ressentir au spectateur l'ennui et le vide que vit son personnage. Sauf que l'ennui et la perte de repères finit par être bel et bien présent chez le spectateur, qui a très souvent envie de faire aller le fast-forward, plutôt que de s'extasier devant l'idée de filmer durant dix minutes une petite fille qui fait du patinage artistique, ou de répéter deux fois la même scène (!!), représentant des danseuses à poteau dans une chambre d'hôtel. N'est pas Gus Van Sant qui veut - en effet, Gerry, Paranoid Park et même Elephant donnaient dans la contemplation, mais le cinéaste évite toujours de donner un aspect prétentieux à ses expérimentations, ce à quoi Sofia Coppola n'échappe pas, de toute évidence.

Cela dit, la petite Elle Fanning a un grand talent, sa personnalité est pétillante et elle donne un peu d'humanité à ce film qui en manque totalement. Elle interprète la fille du personnage principal, un acteur désabusé qui habite au Château Marmont, à Los Angeles, hôtel très célèbre pour ses résidents hors du commun. Lorsque sa mère quitte la ville pour un certain temps, la petite retrouve ce père-enfant qu'elle connaît peu. Évidemment, elle risque de transformer cet homme...

En fait, le problème avec ce film réside entre autres dans le fait que comme le personnage de Stephen Dorff est complètement antipathique, on se fout éperdument de son destin, ce qui est délicat lorsqu'il est question d'un art qui repose beaucoup sur le processus d'identification. Également, je suis désolée de le dire si crûment, mais j'ai trouvé ce film profondément chiant et prétentieux. Sofia Coppola semble penser que quelques effets de style peuvent compenser un scénario mal écrit et mal construit.

Certains critiques y ont vu un film fin et touchant... ainsi qu'une réflexion sur la rançon de la gloire et le sytème hollywoodien, particulièrement intense pour ces pauvres vedettes. Il faut croire que la misère des riches ne touche pas tout le monde d'égale façon.

Si vous avez aimé, je suis très ouverte à la discussion!

lundi 30 mai 2011

Potiche - Bande annonce

Potiche - savoureux

Le nouveau film de François Ozon, qui nous avait entre autres donné 8 femmes et Swimming Pool, est très particulier. En effet, il faut se mettre dans un certain état d'esprit pour apprécier ce film à la forme complètement délirante, kitsh au possible, rappelant de façon extraordinaire l'esthétique visuelle des films et des émissions télévisuelles des années 70. En fait, le grand intérêt que crée cet revisitation d'une époque - pas tant que ça révolue - se situe au niveau des éléments doucement ironiques qui se dégagent de la reconstitution historique, que ce soit dans les dialogues, les costumes, les références audio-visuelles et évidemment, les nombreux pallalèles que nous pouvons faire avec notre époque, nous mettant sous le nez les nombreuses contradictions des sociétés occidentales.

En ce qui a trait à l'histoire, la potiche du titre, c'est en fait madame Pujol, héritière de l'usine de parapluies de son père, qui a depuis toujours laissé la direction de l'entreprise à son mari, qui la méprise totalement et ne lui a jamais confié aucune responsabilité. Par un concours de circonstance, M. Pujol doit quitter la direction de l’usine, ce qui oblige sa femme, qui n'y connaît rien, à le remplacer. Contre toute attente, évidemment, la potiche s'avère être une directrice charismatique, une motivatrice hors pair, une fine stratège. Celle qui a passé sa vie à écrire des 'poèmes' dans son manoir en admirant les écureuils s'émancipe totalement au contact du marché du travail.

Dans ce film totalement féministe, Catherine Deneuve est vraiment extraordinaire. Dans un total contre-emploi, elle compose, dans presque toutes les scènes, ce personnage complexe de façon magistrale, montrant toute l'étendue d'un talent comique que nous ne lui soupçonnions pas. Elle est entourée de Fabrice Luchini (son mari) et de Judith Godrèche (sa fille), tous deux embrassant des idées de droite et conservatrices. Ozon met même dans la bouche de ses personnages des répliques bien connues servies par la classe politique française, comme le 'Casse-toi pauvre con' lancé par Sarkozy, et probablement plusieurs autres qui m'ont échapées. Karin Viard, en secrétaire qui se transforme de tout au tout au contact de cette femme qu'elle avait toujours peu considéré, est également intéressant. Bon, Gérard Depardieu semble ici complètement déconnecté, voire saoul, et il récite son texte, mais sa rencontre dans un endroit 'peu recommandable' avec sa pertenaire du Dernier Métro est assez fascinante.

Adapté d'une pièce de théâtre de Barillet et Grédy, Potiche souffre parfois un peu de cette staticité et de cette presqu'unité de temps et de lieu. Mais l'esthétique des années 70, les personnages féminins bouleversés par ce vent de chamgement et les personnages masculins qui en prennent pour leur rhume en font un film charmant et drôle, pour qui accepte le second degré et l'ironie distillés par ce film intelligent.

lundi 23 mai 2011

I Love You Phillip Morris-----Trailer

I Love you Philip Morris: un film particulier... à prendre au second degré

I Love You Philip Morris, film réalisé par Glenn Ficarra et John Requa, s'inspire d'une histoire vraie complètement farfelue. Il s'agit de la vie de Steven Russell, anciennement père de famille, hyper conservateur et policier qui, après un accident, décide d'arrêter de perdre son temps et s'avoue homosexuel. Sauf que comme il le dit, son nouveau train de vie demande beaucoup d'argent, et il n'en a pas assez. Il devient donc arnaqueur, ce qui fonctionne plutôt bien, malgré quelques expériences en prison et quelques évasions tellement ahurissantes que l'on peine à croire qu’elles ne sont pas inventées de toute pièce!

C'est justement lors d'un séjour en prison que Steven rencontre Phillip Morris, dont il tombe éperdument amoureux. D'un naturel plutôt naïf (à un point tel que s'en est parfois difficile à croire), Phillip embarque dans toutes les folies de son nouveau chum, et gobe tous ses mensonges. Mais il n'est pas le seul. En effet, Steven réussit entre autres à gagner des causes à la cour en s'improvisant avocat! Mais évidemment, toute bonne chose a une fin, et la chance de Steven finira peut-être par tourner...

Ce film, qui est terminé depuis longtemps mais pour lequel on peinait à trouver des distributeurs à cause de son sujet, comporte plusieurs éléments vraiment intéressants. D'abord, le ton est très particulier. On ne sait jamais si on se trouve devant une comédie ou un drame, les événements pouvant toujours être interprétés de façon à pencher d'un côté ou de l'autre. En fait, on oscille toujours entre différents degrés d'humour. Le premier tiers du film est très drôle, Jim Carrey y allant de ses fameuses élucubrations, mais n'en faisant jamais trop. Au contraire, il trouve ici un rôle à sa mesure, parvenant à faire rire, mais aussi à créer une émotion véritable. Et ma foi, on croit à son histoire d'amour avec Ewan McGregor, parfait dans ce rôle d'amoureux sensible.

Par la suite, le scénario s'essouffle un peu et le ton change, devenant plus grave, et les agissements de Steven sont dépeints avec un petit penchant moralisateur qui n'était pas présent au début du film. Dommage, car cela reste un film très particulier. On peut penser au Catch me if you can de Spielberg, mais en y ajoutant un aspect subversif. On sent en effet une véritable critique sociale traverser le film, la dénonciation de l'hypocrisie ambiante, une nostalgie aussi. Sans trop savoir pourquoi, nous ressentons un léger malaise devant cette histoire, où la réalité semble avoir souvent dépassé la fiction.

Tout compte fait, on se demande bien pourquoi ce film a fait si grand bruit et traîne derrière lui un parfum de scandale. Franchement, ce n'est pas bien méchant, mis à part le fait que Russell a réussi, au cours de sa vie, à faire passer la justice américaine pour une mascarade irrécupérable. Juste pour ça, ce film vaut la peine!

mardi 10 mai 2011

Trailer: L'Affaire Farewell

En rafale: L'affaire Farewell, In The Electric Mist, L'immortel; Ouf!

L'affaire Farewell, dont le scénario se base sur des événements réels, se déroule à Moscou au début des années 80, durant la Guerre froide. Un homme, interprété par Emir Kusturika, qui se dit colonel pour le KGB, se voit obligé de contacter un jeune ingénieur français sans histoire pour lui communiquer des informations à propos de secrets industriels. Évidemment, l'ingénieur (Guillaume Canet) est bien vite dépassé par les événements, et sa vie en sera complètement chamboulée.

Sans en faire une critique détaillée, je dirais que le problème de ce film est au départ une qualité: le désir de rester près des faits historiques, de ne pas trop en ajouter. Sauf que tant d'exactitude factuelle en fait un film froid, peu émotif, et provoque chez le spectateur un cruel sentiment de je m'en foutisme, surtout en rapport avec ce qui peut bien arriver aux personnages.

Cela a pour conséquence de devenir profondément ennuyant, malgré une histoire à la base franchement impressionnante.

En ce qui a trait à In the Electric Mist, film que Bertrand Tavernier a tourné avec Tommy Lee Jones dans les bayous louisianais, je ne sais trop qu'en penser.
Le film est adapté d'un polar de James Lee Burke, dans lequel l'inspecteur fétiche de l'auteur, Dave Robicheaux, tente de résoudre une sordide affaire de meurtre. Jusqu'ici, tout va bien: l'atmosphère de moiteur dégagée par l'ensemble est intéressante, les acteurs sont tous très bons (particulièrement John Goodman et Peter Sarsgaard) et le personnage de détective un peu bourru, bien que n'offrant rien de nouveau, est attachant.

Mais pour une raison qui m'échappe (c'est probablement dans le livre, mais cet aspect aurait assurément dû être éliminé du film), le cinéaste a incorporé dans son film des scènes oniriques de soldats durant la guerre de Sécession, ce qui coupe la continuation du récit et nous fait totalement décrocher. On se croirait devant un film de la Nouvelle Vague, dans lequel le réalisateur aurait délibérément décidé de nous faire suer. D’ailleurs, plusieurs éléments reliés au scénario sont extrêmement flous et nous laissent dans le brouillard électrique… En fait, l'intrigue s'embourbe tellement dans les dédales de l’histoire américaine (guerre de Sécession, mais aussi problèmes raciaux persistants) qu’elle finit par nous laisser indifférents, même si on comprend le message visant à nous dire que les fantômes du passé ne sont jamais bien loin de la réalité actuelle.
Bref, à vos risques et périls, mais je dois avouer avoir hésité tout au long du visionnement entre l'envie de trouver ce film pénible et celle de le trouver digne d'intérêt. Car il en ressort tout de même une sorte d'incompréhension et de mystère qui font qu'il nous reste en tête un certain temps.

L'immortel, de Richard Berry, est de son côté tout sauf subtil et mystérieux. On est ici dans le pur film de gangster, où tout est noir ou blanc, où tous les personnages sont unidimensionnels, où il y a les bons (ceux qui ont des principes) et les mauvais (ceux qui n'en ont pas). Mais même s'il n'échappe à aucun cliché, on est tout de même happés par ce film.

Monté et construit en conservant un rythme haletant tout du long, le film est classique et peu original, mais comporte de bons éléments. On y suit en fait le parcours de Chaly Matteï (Jean Réno, fidèle à lui-même), truand marseillais qui se fait trahir par son comparse de toujours lorsqu'il décide de se retirer du 'business'. Survivant à une tentative d'assassinat particulièrement intense (une vingtaine de balles dans le corps), il décide de se venger de tous ceux qui ont participé à l'attentat contre sa personne.
Et ce ne sera pas de tout repos...

La performance de certains acteurs est assurément digne de mention, notamment celle de Marina Foïs, qui joue une inspectrice de police en deuil de son mari qui peine à se maintenir à flot et qui semble ne plus rien avoir à perdre. Par contre, pour d'autres, comme Kad Merad, qui joue l'ami qui trahit, ce n'est pas facile. Il est extrêmement caricatural dans son rôle d'hypocondriaque toujours à la limite de la crise de nerf. On n'y croit pas une seconde et surtout, jamais il ne nous inspire l'angoisse ou la peur, ce qui est un léger problème quand tu joues le méchant dans un film.

Beaucoup de testostérone, de 'flingues', de phrases mille fois entendues, un acteur possédant particulièrement le physique de l'emploi, une morale bien peu subtile: voici à quoi vous devez vous attendre avec cet Immortel. Mais bizarrement, je n'ai pas détesté... Je crois que c'est un film que l'on aime bien ou que l'on déteste profondément. À vous de voir.

lundi 9 mai 2011

Falardeau et La Vérité, deux films québécois très réussis

Bien que n'y ayant pas appris grand-chose du point de vue de son cinéma, j'ai beaucoup apprécié le film Pierre Falardeau, de Carmen Garcia et German Gutierrez. Et laissez-moi vous dire qu'en ces temps de grisaille péquiste (le mot est faible), il doit bien se retourner dans sa tombe, le pauvre. Son message n'en est évidemment que plus poignant, surtout pour ceux qui ont un jour cru à la possibilité que le Québec devienne un pays.

Le film retrace évidemment la carrière de Falardeau à travers de nombreuses images d'archive, mais surtout à travers la parole de ceux avec qui il a travaillé, comme la productrice Bernadette Payeur et son grand ami Francis Simard. Francis Simard, ancien du membre du FLQ, est celui qui a raconté son histoire à Falardeau lorsqu'il était emprisonné. Ces nombreuses rencontres en prison sont d’ailleurs à l’origine des scénarios de ses deux meilleurs films: Le Party et Octobre. On nous présente beaucoup d'extraits de ces films et d'autres, tout en nous expliquant dans quel contexte ils ont été produits. C'est ainsi que des films comme Pea Soup ou Le temps des bouffons, déjà cultes, prennent une dimension encore plus impressionnante.

Nous prenons surtout conscience, dans ce film, du caractère profondément touchant de Falardeau. Sa blonde de toujours le décrit comme un homme athlétique, adorant la marche en nature. Un homme très drôle aussi, autour de qui il faisait bon vivre... Elle raconte qu'il jouait un rôle devant les médias car il croyait, à tort ou à raison, que c'est la provocation qui le servirait le mieux et qui lui permettrait de faire passer son message. Car ses convictions, il y était attaché, sans l'ombre d'un doute. Nous découvrons en fait un homme sensible, à la larme facile, très attaché à ses enfants et très fidèle en amour et en amitié. Toutefois, jamais les cinéastes ne sont complaisants envers leur objet cinématographique. Par exemple, ils dévoilent des aspects assez manichéens de sa personnalité, mais ils tentent également de démontrer que la critique et le gouvernement ont rarement été tendres avec lui. Crache en l'air, tombe sur le nez, vous me direz...

Pour moi, la grande qualité de ce film est qu'au lieu de nous faire le portrait du polémiste, les cinéastes nous font le portrait de l'homme. La nuance est importante, même si souvent l'homme et le polémiste se rejoignent. En fait, pour notre plus grand bonheur (nous, ses fans), Falardeau s'avère être un personnage beaucoup plus complexe que l'image qu'il nous donnait de lui-même. Un homme qui a fait du très bon et du moins bien, mais qui a toujours eu le courage de nous 'pitcher' en pleine gueule toutes ses contradictions... qui nous renvoyaient immanquablement à nos propres questionnements, en tant qu'individu, mais surtout en tant que peuple.

Un film qui m'a beaucoup émue. Mais il faut dire que j'étais déjà pas mal vendue, étant même allée à ses funérailles...

Un autre film québécois que j'ai adoré et qui à ma connaissance a été assez peu médiatisé est La Vérité, de Marc Bisaillon. Un film poignant qui propose un dilemme éthique très intéressant.
Dans ce deuxième film de sa tétralogie sur la culpabilité (le premier, la Lâcheté, était selon moi pas mal moins abouti que celui-ci), deux adolescents, Gabriel et Yves, de très bons amis, seront forcés de faire face à leur destin. Un soir d'hiver où ils décident de se faire un 'trip' comme tous les ados de leur âge, cela tourne mal. Ils sont victimes d'un manque de chance hallucinant et posent un geste, de façon accidentelle, susceptible de gâcher leur vie à jamais.

Au départ très proche de sa mère (Geneviève Rioux) policière, Gabriel, rongé par le remords car très sensible, s'éloigne d'elle et agit bizarrement. De son côté, Yves fuit son ami et déménage chez sa mère dans une autre ville. En fait, devant le tragique de l'événement qu'ils ont causé, les deux jeunes hommes réagissent de façon très différente. On sent bien qu'Yves pourrait facilement continuer à vivre sa vie comme si de rien n'était. Il en est tout autrement pour Gabriel.

Inspiré d'un fait vécu, le film La Vérité force le spectateur à réfléchir à sa propre façon d'envisager une problématique semblable. Que ferions-nous à leur place? Et à la place de la mère? Si c'était mon fils, l'empêcherais-je de se rendre à la police, sachant très bien que cette dénonciation hypothèquerait sa vie entière? Est-ce vraiment la bonne chose à faire que de se dénoncer?

Le film est d'autant plus touchant qu'il est tourné de façon crue, sans effets de style inutiles. Dans une atmosphère bleutée et hivernale, les personnages tentent de survivre à leur gaffe, conscients qu'ils sont que jamais leur vie ne sera la même, et que cette fameuse soirée aura marqué au fer rouge leur courte existence.

La Vérité est un film profond, humain, dont le sujet choque et provoque une réflexion pouvant mener à des discussions épidermiques...

lundi 2 mai 2011

The Fighter Movie Trailer Official (HD)

The Fighter

Film très réussi et superbement interprété, The Fighter frappe d'abord par son langage cinématographique cru. Caméra à l'épaule, images grises, personnages en gros plans. En fait, cette histoire vraie d'un boxeur de grand talent, Dick Ecklund, qui gâche sa carrière en ressassant sans cesse ses exploits passés (son fameux combat contre Sugar Ray Leonard) et en se consolant d’un présent peu reluisant à travers le crack est au départ filmée comme un documentaire. En effet, Dick Ecklund, pensant que la chaîne HBO tourne un film sur son grand retour, se livre sans censure à une caméra à peine hypocrite - le réalisateur lui dit à plusieurs reprises qu'il tourne un film sur sa dépendance et sa longue déchéance.

Méchant numéro, Eklund est devenu entraîneur de son petit frère, boxeur à son tour mais plus tranquille sur le plan émotif. La relation entre les deux frères est très intéressante. En effet, Mike Ward, interprété par Mark Wahlberg, continue d'admirer son frère, pourtant si visiblement à côté de la plaque. Ecklund, de son côté, semble vivre la carrière de son frère comme si c'était la sienne. Il se voit à travers lui et s'approprie en quelque sorte son succès. Car le frère s'améliore et devient un boxeur remarqué, qui a droit à de grands combats (par exemple, la trilogie de combats contre Arturo Gatti).

Christian Bale, qui personnifie Ecklund, mérite les plus grands honneurs. Au départ carrément repoussant, voire épeurant, 'nerré' et au langage incompréhensible, aux dents jaunes et au corps maigre, il se transforme physiquement à mesure qu'il se recentre psychologiquement. Impressionnant.

Un grand intérêt de ce film réside également dans la galerie de personnages féminins hauts en couleur qui entoure les deux hommes. Leur mère, interprétée par Melissa Leo (oscar de la meilleure actrice de soutien), est totalement hallucinante. Elle règne sur son royaume (9 enfants, un mari, un ex) en dictatrice, manipulant les uns, fermant les yeux devant les travers des autres, mais protégeant son clan devant l'ennemi. Les sept soeurs et leur mère offrent les meilleures scènes du film, étant toutes pour le moins particulières, dans leur comportement comme dans leur allure. On ne voudrait pas être à la place de Charlene (Amy Adams, très bonne), la blonde de Mike, considérée comme une intruse totale, qui ose les contredire et les remettre en question... Quoi qu'elle ne semble pas trop s'en laisser imposer.

En fait, dans cette ville déprimante et pauvre de Lowell, au Massachussets, les caractères sont forgés à la dure, tant chez les femmes que chez les hommes. Et quand l'un d'eux réussit, il devient objet de tant de fierté que cela est difficile à supporter et à assumer, pour lui et son entourage. Ici, il faut souligner que jamais le scénariste ou le réalisateur ne porte de jugement sur les personnages, qui sont peints de façon authentique et respectueuse.

The Fighter n'est pas Raging Bull, mais c'est un film qui reste en tête, que l'on aime la boxe ou pas, et qui bouleverse par ses accents de vérité, nous en disant beaucoup sur la nature humaine.
Et chapeau à celui qui a eu l'idée de mettre des images des deux vrais frères durant le générique, car ainsi on peut encore plus admirer le travail de Christian Bale, qui ressemble à s'y méprendre, dans les tics et attitudes, au véritable Ecklund.

lundi 18 avril 2011

'Morning Glory' Trailer HD

Des films on ne peut plus différents, pour une journée pluvieuse...

D'abord, À l'origine d'un cri, de Robin Aubert, film masculin, difficile, où trois générations d'hommes d'une même famille se confrontent, se rapprochent, se déchirent. Il y a d'abord le plus jeune, joué par Patrick Hivon, un enragé qui semble incapable de s'engager dans sa propre vie, probablement à cause d'un traumatisme d'enfance. Son père, interprété par Michel Barrette, est au bas mot bouleversé par la mort de sa jeune femme et décide de déterrer son cadavre, pour partir avec elle. Son fils (Hivon) et son père, que campe Jean Lapointe avec grand talent, se lancent donc à sa recherche pour tenter de lui faire entendre raison. Trois générations d’hommes dont la vie ne fut pas facile se confronteront donc au milieu de routes désertiques et de paysages à la fois déprimants et grandioses.

Ainsi, il s'agit d'un genre de road movie, où des âmes écorchées sortent les émotions de leurs tripes pour la première fois de leur vie. En effet, Aubert se penche de toute évidence sur les problèmes que semblent éprouver les hommes à communiquer, la vérité sortant souvent 'tout croche' après une soirée bien arrosée.

Bien que reconnaissant les nombreuses qualités de ce film, notamment en ce qui a trait à la direction d'acteurs, et considérant en général le travail et la personnalité de Robin Aubert intéressants, j'ai trouvé difficile d'être touchée par cette histoire d'hommes refermés sur eux-mêmes qui semblent sortir des années 60. Les dialogues m'ont semblé plaqués, bien écrits mais justement, trop écrits. Également, l'image de la femme est à la fois celle de la castratrice, de la mère et de l'objet, ce qui m'a paru cliché.

Par contre, les thèmes abordés, dont celui de la filiation, de la transmission et de l'amour familial sont intéressants et traités avec une émotion à fleur de peau. Certains seront certainement bouleversés par ce film, dépendamment, j'imagine, de leur histoire et de l’endroit où ils sont nés. Mais honnêtement, si cela est un portrait de la masculinité au Québec, on est bien mal barré.

Dans un tout autre ordre d'idées et d'ambiance, Morning Glory est un petit film qui se regarde plutôt bien, tout en étant loin du chef d'oeuvre. Se déroulant dans le milieu de la télévision, plus spécifiquement celui des émissions de placotage matinales, véritable institution aux États-Unis (on n'a qu'à penser au Today Show). Ces émissions, qui donnent un peu de nouvelles, font la météo, de la cuisine et qui parlent beauté et enfants sont, il est vrai, un puits sans fond de situations comiques...

Ici, on suit une jeune productrice ambitieuse, jouée par Rachel McAdams - assez douée quoiqu'un brin survoltée - embauchée en dernier recours pour donner un coup de jeune à Daybreak, émission matinale qui est en sévère trouble financier et qui obtient bien peu de cotes d'écoute. L'animatrice, interprétée par Diane Keaton, très drôle, a besoin d'un acolyte car son coanimateur, très peu professionnel, a été mis à la porte.

C'est ainsi que Becky (McAdams) va chercher les services d'un grand journaliste sur le déclin qui vient de perdre son emploi mais qui est encore sous contrat avec la chaîne. Bourru, arrogant, désagréable, Mike Pomeroy, interprété par Harrison Ford, offre de beaux moments, surtout dans sa relation avec Colleen Peck, le personnage de Diane Keaton.

Évidemment, c'est dans les acteurs que réside l'intérêt de ce film, ainsi que, peut-être, dans la mini-critique de la société médiatique - par exemple, on nous fait comprendre que le public est capable de réflexion, est ouvert à autre chose que les conseils à propos d'animaux domestiques - qui s'en dégage. Mais c'est également le problème de ce film, car il se veut critique, mais il ne va pas au bout de cette idée. On l'aurait voulu plus acerbe, corrosif - pour cela, louez-vous 30 Rock.

Bref, un film divertissant, au rythme soutenu du début à la fin et porté par des acteurs au sommet de leur art. Si vous êtes dans le mood...

jeudi 14 avril 2011

Watch The Big Bang Theory Trailer Teaser 2011

The Big Bang Theory saisons 1 à 3 - J'adorre!!

Cette série m'a procurée tant de joie et d'éclats de rire que je ne sais pas par où commencer... Comme ils sont attachants les personnages de ma nouvelle série coup de coeur! J'en suis même à me demander si je ne les préfère pas à ceux de How I Met Your Mother. Mon cœur balance…
Construit autour du même canevas, - une gang d'amis trentenaires qui jasent - The Big Bang Theory se démarque toutefois par l'originalité de ses personnages. En effet, la série joue sur le contraste entre les quatre personnages masculins, qui sont ce que l'on appelle communément des geeks (ils sont ingénieurs, chercheurs à l'université, trippent sur les comic books, jouent au scrabble en klingon - la langue de Star Trek) et leur voisine, Penny, une blonde pimpante et allumée, serveuse dans un resto et aspirante actrice (la série se déroule à Pasadena).
Car il faut dire que les quatre garçons éprouvent, disons, quelques problèmes à 'conclure' avec les filles.

Parlant des gars... Il y a d'abord le fabuleux Sheldon, joué par Jim Parsons, hallucinant ( il a d'ailleurs gagné un Golden Globe et un Emmy pour sa performance). C'est vraiment, selon moi, un personnage extraordinaire, dans tous les sens du terme.
Insupportable, Sheldon est pourtant hyper attachant. Limite autiste, incapable de fonctionner en société, Sheldon ne comprend pas les relations interpersonnelles, ni le sarcasme (quoi qu'il s'améliore avec les années). Il est bourré de manies (personne ne doit s'asseoir sur son 'spot' sur le divan, entre autres exemples), il dit tout ce qu'il pense et par-dessus tout, il est totalement imbu de lui-même, persuadé qu'il est qu'il gagnera un prix Nobel pour ses avancées scientifiques.
L'acteur est tellement bon qu'il réussit à nous rendre ce personnage attachant, ce qui n'est pas peu dire, mais surtout drôle à se plier en deux. On peut facilement avancer que c'est lui qui porte la série sur ses épaules...
Penny, quant à elle, n'embarque pas dans les folies, manies et habitudes tordues de Sheldon et elle tente de lui faire perdre ses moyens en le déstabilisant, ce qui crée des situations hilarantes. La relation entre les deux personnages est très intéressante. Ils sont attachés l'un à l'autre, comme si avec le temps, ils s'étaient apprivoisés mutuellement.

Je ne sais pas comment il fait pour l'endurer, mais Sheldon a un coloc, Leonard, qui est amoureux de Penny et dont Sheldon brise toujours, en les révélant à l'avance, les plans de conquête. Il va sans dire que Leonard est un peu le faire valoir de Sheldon - alias Sheldor, son personnage imaginaire, version améliorée de lui-même.

Les deux amis sont souvent accompagnés de Howard Wollowitz et de Raj Koothrapani. Howard est juif et vit encore avec sa mère, malgré sa jeune trentaine et son emploi d'ingénieur. Petit et, disons-le, assez laid, Howard porte toujours des accoutrements impayables aux couleurs criardes et hyper serrés, et des cols roulés impressionnants... Il ne vit que pour avoir des relations sexuelles et évidemment, cela ne fonctionne pas souvent.
Raj, d'origine indienne, qui ne donne pas sa place en terme de costume, est selon moi le personnage le moins intéressant car un peu caricatural, mais il reste tout de même très attachant.

Donc, ces cinq énergumènes se démènent dans la vie, et quatre de ces cinq énergumènes se démènent pour endurer Sheldon, qui joue celui qui ne se rend compte de rien.
Plusieurs personnages secondaires (les mères de Sheldon et de Leonard, des personnages des milieux 'geeks' que je ne connais pas mais qui semblent très connus) viennent ajouter du piquant à la vie somme toute particulière des garçons.

S'attendre ici à des situations des plus loufoques. S'attendre aussi à se reconnaître dans Sheldon (à moins que ce ne soit juste moi?) ou à reconnaître en lui quelqu'un que vous aimez...
Et je vous jure que vous n'avez pas besoin de triper sur superman et ses acolytes pour vous tordre de rire devant cette série, qui est extrêmement sympathique et qui ne se prend pas au sérieux. Vraiment, des heures de plaisir.
Et ne vous découragez pas, car cela prend au moins 4-5 épisodes avant d'embarquer, le langage scientifique étant au début un peu rébarbatif. Cela prend en effet un certain temps avant de comprendre la dynamique particulière (lire ici comprendre les couches de personnalités de Sheldon) et l'humour qui s'en dégage. Attendez de découvrir les personnages avant d'abandonner, je vous jure que vous ne serez pas déçus. De plus, la série se bonifie avec les années, les acteurs aussi. Vous en oublierez même les rires en canne... Bazinga!

En passant, il est difficile de trouver des extraits dignes de ce nom publiables. Allez voir par vous-même...

mardi 29 mars 2011

Un week-end à Toronto...






Le prétexte de notre voyage à Toronto était l'exposition consacrée à Tim Burton. Mais j'ai découvert une ville plutôt agréable, voire jolie, bien que l'on soit loin, dans les attraits comme dans le niveau de 'plaisabilité' des promenades, de la si grandiose ville de New York, à laquelle je trouve que Toronto semble aspirer. Voici quelques impressions de ce 48 heures à Toronto style La Presse...

19h Enfin, après une heure d'embouteillages, nous nous retrouvons à notre hôtel. Après avoir déposé nos pénates, nous nous rendons sur la rue Ossington, entre Dundas et Queen, et nous promenons un peu, malgré le froid hivernal. Nous mangeons dans un délicieux restaurant, et nous dénichons un petit bar bien sympa. C'est un quartier assez animé, rempli de monde en ce vendredi soir.


10h Le second jour, départ de l'hôtel pour aller se promener dans le quartier aux alentours de la tour du CN et sur les bords du lac. Bon dieu qu'on a gelé! Le vent nous transperçait les entrailles.

12h Puis, direction le nouveau centre dédié au TIFF (Toronto International Film Festival), situé au 350 King Street, où nous sommes allés voir l'exposition sur Tim Burton. Créée par le MoMa à New York, l'expo est vraiment extraordinaire. On y découvre un homme complexe et intelligent, dont l'imaginaire est très intéressant. En fait, voilà quelqu'un qui s'est octroyé la possibilité de laisser libre cours à toutes les idées saugrenues qui lui venaient à l'esprit. On y comprend que Burton est un homme qui s'est toujours vu comme un 'outsider', comme quelqu'un qui ne correspond jamais tout à fait à ce qu'on attend de lui.

Dans les dédales de l'exposition, on découvre également la profondeur de cet homme. On se surprend devant la complexité et la longueur du processus de création d'une oeuvre, souvent étendu sur plusieurs années. À travers les nombreux dessins, figurines, costumes portés par les personnages des films (surtout Johnny Depp), poupées, courts métrages, on est littéralement transportés dans un monde à la fois enfantin et dérangeant. Dans le monde de Burton, l'enfance côtoie souvent l'horreur, et les personnages se situent toujours à l'extérieur de la ligne droite que la société nous oblige à suivre.

Plusieurs cahiers de notes, même des gribouillis sur des essuie-tout nous sont présentés, ce qui est fascinant lorsque l'on pense qu'une idée venue sur le coin d'une table peut se transformer en un film comme Big Fish. J'ai trouvé aussi très intéressant de découvrir les inspirations de Burton, qu'elles soient reliées à un mentor (Vinvent Price) ou à des courants artistiques particuliers comme l'expressionnisme allemand et le surréalisme.

Il est à noter que le bâtiment désormais consacré au festival de films est très impressionnant, construit avec goût et, il faut bien le dire, beaucoup de moyens. En dehors du festival, l'endroit est transformé en cinémathèque et en lieu d'exposition. On y passait Des hommes et des Dieux et Incendies lors de notre passage. Outre l'expo sur Tim Burton, il y avait également un endroit consacré à Mary Pickford, grande star du cinéma muet. Montréal aura-t-elle un jour un endroit comme celui-là, dédié entièrement au cinéma? J'en doute!


15h En sortant de l'expo, après avoir mangé une bouchée dans un endroit que nous avons déjà oublié, nous prenons une grande marche jusqu'au St. Lawrence Market, un immense et superbe marché où se côtoient produits de luxe et bijoux bas de gamme.

17h Puis, nous allons nous promener et prendre un verre dans le Distillerie District, qui est vraiment un endroit intéressant. La façon dont ils s'y sont pris pour revigorer cet endroit est très ingénieuse. Et ça marche! Tout était plein, et je m'imagine à peine ce que ce doit être l'été, avec toutes ces terrasses. On y trouve des boutiques assez spécialisées, des micro-brasseries, des restaurants.

19h Nous nous rapprochons de notre hôtel et allons manger sur King Street, pour terminer la soirée, extrêmement fatigués, dans un pub où un groupe jouait des vieux classiques perchés derrière le bar.

Bref, Toronto ne nous a pas déçus, et m'a donné le goût d'en découvrir davantage.

mardi 22 mars 2011

'Red' Trailer 2

Suggestions de films à louer

D'abord, 127 hours de Danny Boyle est un film extrêmement angoissant tout en étant, de façon assez surprenante, plutôt agréable à regarder. Cette histoire vraie d'un aventurier un peu prétentieux qui fait une chute et se retrouve prisonnier d'une roche dans les canyons américains représentait un défi sur le plan cinématographique, défi que Boyle a selon moi relevé.

En effet, on ne s'ennuie pas une minute en suivant les aventures immobiles de ce jeune homme qui, dans sa lutte acharnée pour survivre, devra finir par se couper le bras avec un canif bon marché. Il passe évidemment par toute la gamme des émotions, du découragement à la colère, et filme ses états d'âme en parlant aux personnes qui lui sont chères. Avec plusieurs effets visuels recherchés et des flashbacks bien amenés, quoi qu'un peu trop nombreux à mon avis (à moins que ce ne soit des hallucinations?), le spectateur comprend parfaitement l'état d'esprit dans lequel se trouve le personnage, seul prisonnier d'une roche dans une crevasse où personne ne va jamais. On aurait même pu avoir plus de moments de silence au cours desquels on aurait tout autant pu prendre le pouls de l'angoisse qui habite le personnage, qui n'espère plus rien.

James Franco, qui nous a bien énervés lors des Oscars, est ici vraiment impressionnant, portant ce film sur ses épaules avec brio. Boyle avait hésité à l'engager, Franco ayant la réputation de jouer au rêveur et d'être un peu 'chiant', mais il ne l'a pas regretté. On comprend pourquoi. Il n'en fait jamais trop, au contraire. On croit totalement à son personnage, qu'il habite littéralement. Il sait être attendrissant tout en conservant l'arrogance qui semble faire partie de la personnalité du fameux Aron.

Et pour les coeurs sensibles, ne vous en faites pas, la fameuse scène finale où, en état de transe (il n’a pas mangé et a peu bu depuis environ 5 jours), il effectue l’opération, passe très vite et est filmée de façon à ne pas nous torturer. C'est plutôt le fait de voir le personnage immobilisé entre deux parois rocheuses durant une heure qui est perturbant... Et le questionnement qu'il suscite: qu'est-ce que j'aurais fait dans pareille situation?

Bref, on reconnaît ici Danny Boyle et ses nombreux effets visuels, la musique omniprésente, le montage saccadé, les gros plans. Alors ceux qui ont été très énervés devant Slumdog Millionnaire, vous allez détester. Les autres, laissez-vous tenter.

J'ai aussi bien aimé RED, film un peu déjanté de Robert Schwentke. Bien sûr, ce n'est pas un grand film, mais c'est un divertissement original et charmant qui ne se prend pas trop au sérieux. On y suit les aventures d'un ancien agent de la CIA (Bruce Willis), coulant des jours tranquilles et faisant la cour à une fonctionnaire gouvernementale (Mary-Louise Parker, qui a parfois des tics un peu agaçants) par téléphone. Mais certaines circonstances le forcent à aller chercher la belle et à partir avec elle, étant poursuivi par des ennemis très méchants.

L'intérêt de ce film ne se situe pas, vous l'aurez compris, dans l'histoire - abracadabrante -, mais plutôt dans le style visuel et le traitement ironique du sujet. En effet, Frank (Willis) va recruter ses anciens collègues, tous des retraités plus originaux les uns que les autres. Morgan Freeman et John Malkovich sont très amusants, mais c'est le fait de voir la très distinguée Helen Mirren tirer de la carabine avec aisance qui est le plus renversant. Et tous les acteurs semblent prendre un plaisir authentique à se faire aller de la sorte.

Ce n'est pas subtil et ça reste dans la catégorie du déjà vu, mais c'est un bon film de dimanche après-midi pluvieux.

The Walking Dead Trailer

lundi 21 mars 2011

The Walking Dead

Créée et écrite par Frank Darabont, réalisateur qui nous avait donné À l'ombre de Shawshank, la série The Walking Dead est la sensation de l'heure. En effet, après les vampires très sexy de True Blood, la série dont tout le monde parle, diffusée sur la chaîne AMC (Mad Men), est inspirée d'une bande dessinée et se déroule dans une Amérique post-apocalyptique, où les morts se réveillent et deviennent des zombies.

Les décors représentant un monde désolé sont vraiment impressionnants, et l'atmosphère qui se dégage de l'ensemble est particulièrement étouffante et claustrophobique. Dans ce monde où la vie est quasiment disparue, difficile de ne pas faire le constat de notre échec en tant que race... Pas jojo tout ça.

Que s'est-il passé? Nous l'ignorons et l'ignorerons jusqu'à la fin. Et c'est selon moi une bonne idée. Pour une fois, quelques éléments ne sont pas révélés aux spectateurs (comme le secret à la fin de la saison, rappelant la dernière scène de Lost In Translation). Également, le mythe du zombie est traité de façon originale, tant visuellement - il y a parfois beaucoup de sang et d'entrailles, vous êtes prévenus - que scénaristiquement. Le traitement de l'image est très cinématographique et s'avère d'une qualité exceptionnelle.

Évidemment, dans ce nouveau monde, il subsiste quelques survivants, que nous suivrons dans leur quête pour s'expliquer ce qui est arrivé, mais aussi pour manger et ne pas tomber sous les dents de l'ennemi. Il y a au premier plan Rick Grimes, shérif de profession, qui se réveille à l'hôpital, après un accident de travail, dans un monde complètement transformé. Sorte de cowboy solitaire, il part ainsi à la recherche de sa femme et de son fils, qu'il croit vivants. Ce personnage aurait pu être intéressant (j'espère qu'il le deviendra dans la seconde saison), car le contraste entre son passé de policier et l'obligation de vivre aujourd'hui dans un monde anarchique où tous se tirent des balles dans la tête au passage est une bonne ligne scénaristique, qui n'a pas encore été exploitée. On pense également aux westerns américains ou à l'excellente série Deadwood, les zombies n'étant que la réincarnation des méchants Indiens... à moins qu'ils ne représentent les nombreuses invasions de l'homme blanc.

Malheureusement, c'est au niveau du scénario que le bât blesse. Les personnages, en mode survie, agissent souvent de façon clichée et invraisemblable. Également, certaines histoires parallèles sont tellement déjà vues qu'elles en sont risibles, comme l'histoire de l'ancien partenaire qui couche avec la femme de Rick. En fait, les différents personnages sont extrêmement caricaturaux, et semblent avoir une personnalité unidimensionnelle, sans zones grises: le violent, l'ami amoureux, celui qui agit avant de réfléchir, le chinois speedé, le vieux sage, etc. On sait donc toujours comment chacun va réagir face à une situation donnée, ce qui nous éloigne de ce que l'on appelle communément l'originalité...

Bien sûr, je suis consciente que les zombies ont toujours été utilisés comme métaphore, représentant tantôt la crainte de la bombe atomique, tantôt l'envahisseur, quel qu'il soit. On peut donc interpréter la série à notre guise, et ainsi ajouter une certaine profondeur au récit. Mais vu le potentiel visuel, je crois que l'embauche de différents scénaristes pour la seconde saison devrait régler les petits problèmes de cette série au grand potentiel.

dimanche 20 mars 2011

Weeds Season 6 Trailer BG subs.avi

Weeds, saison 6

La sixième saison de Weeds s'inscrit dans la continuité logique de cette série vraiment géniale. Et franchement, je crois que c'est la meilleure de toutes... Car la vie de la mère de famille hors norme étant de plus en plus compliquée et, il faut le dire, dangereuse, le ton a beaucoup changé avec les années. Les saisons 4 et 5 étaient selon moi moins bien construites, mais celle-ci sort assurément du lot.

Au départ, cette mère, veuve, habitant avec ses deux fils dans une banlieue typique, vendait du pot en toute insouciance. Six ans plus tard, ses enfants, devenus presqu'adultes, ne peuvent plus aspirer à une vie normale, tant leur histoire est compliquée. En tentant d'offrir une vie meilleure à ses fils, Nancy Botwin a en fait complètement gâché leurs possibilités d'avenir. Car il est maintenant évident qu’un point de non-retour a été atteint, et toute la famille en est consciente. Ce qui ne manque pas de créer quelques tensions…

Dans cette sixième saison, la famille est forcée de fuir après que Shane se soit laissé aller à ses pulsions primaires (voir trailer). Mais la fuite mène Shane, Silas, Nancy et Andy sur des chemins mal fréquentés, comme autant de situations rocambolesques où tous savent se mettre les pieds dans les plats, un peu plus chaque fois.

Moins drôle (Celia n'est pas là), mais plus touchante et profonde, cette saison est selon moi la meilleure car elle nous expose le désarroi grandissant d'une mère qui s'est fait prendre à son propre jeu et qui a entraîné toute sa famille avec elle. Ses enfants sont méconnaissables, ils ont perdu, au fil des années, toute innocence, et on ne voit pas vraiment d'issu possible. Silas, autrefois si proche de sa mère, tente aujourd'hui par tous les moyens de s'en éloigner. Shane, toujours aussi perspicace, éprouve certains problèmes à éprouver du remord pour le geste qu'il a commis, ce qui n'annonce rien de bon... D’ailleurs, l’acteur, Alexander Gould, est très impressionnant. Son regard est terrorisant, perturbant, et un peu trop crédible. Andy, le beau-frère qu'on aime tant, toujours amoureux de Nancy, se sent de son côté harponné par la belle, qui est, on doit bien le dire, un peu agace, et à qui on a, nous aussi, souvent envie de renverser le cappuccino glacé. En fait, Nancy (Mary-Louise Parker, très bonne) est devenue plutôt inquiétante, et la fréquenter n'est pas mère de sureté. Mais son amour pour ses enfants semble la plupart du temps dicter ses choix...

Enfin, nous avons encore droit à un portrait hyper décapant de l'Amérique qui, à la ville comme à la campagne, en prend pour son rhume. Qu'il soit question du puritanisme qui entoure l'éducation des enfants, des débilités entourant les concours de nourriture (moment d'anthologie que le concours de dégustation de statues de beurre!) ou des prêtres accros au sexe, la 'caravane de l'amour de dieu' ne laisse aucune contradiction au hasard et balaie les certitudes qui ont le malheur de se retrouver sur son passage.

Les fans ne seront pas déçus!

lundi 14 mars 2011

Winter's Bone (2010) - Official Trailer [HD]

The Winter's Bone

Film très perturbant et marquant que ce Winter's Bone, réalisé par Debra Granik, récipiendaire du Grand prix du jury au festival de Sundance, et mis en nomination aux Oscars dans les catégories de pointe.

C'est en effet un film sombre et cru, qui nous habite longtemps après le visionnement.

À la façon de ce que j'ai perçu comme un conte moderne, on assiste, impuissants, à la quête (initiatique, probablement) d'une jeune femme, interprétée par Jennifer Lawrence, qui est très touchante et juste. Habitant dans un bled perdu où on n'a vraiment pas envie de tomber en panne, Ree, 17 ans, et sa famille (une mère malade, un frère et une soeur très jeunes) vont perdre leur maison à cause des problèmes du patriarche. Ree décide donc de partir à la recherche de son père, et rencontre ainsi des personnages récalcitrants et dangereux, dont certains, contre toute attente, deviendront des alliés.

L'histoire se déroule dans un paysage désolé du Missouri, où l'ambiance bleuâtre donne des allures de morts vivants aux personnages souvent abattus par une vie si difficile. On se croirait dans Délivrance... mais en pire, car on sait que dans les villages de ce que l'on appelle l'Amérique profonde se trouvent des endroits comme celui-là, où les lois sont dictées par la frustration des habitants et les problèmes d'alcool, où le shérif n'ose pas trop s'interposer, et où le seul exutoire se trouve dans la musique (ici souvent du banjo), si présente dans la vie de ces personnages marqués par les embûches, mais touchants... et profondément humains.

Ree, qui a été élevée dans cet environnement, est devenue dure, et elle ne ressent pas la peur, question de survie. Elle protège son frère et sa soeur comme une louve, tente de les faire manger à leur faim par tous les moyens. Elle devra pour ce faire aller au-delà de l'omerta à laquelle elle a droit au début de ses recherches, et ainsi, à force de creuser, dépasser un point de non-retour.

Souvent tourné à la manière d'un documentaire, la caméra est proche de ses acteurs et de la nature, glaciale. Nous ressentons la froidure de la température jusque dans les os, et la cruauté de ce monde sans pitié nous semble étonnamment réaliste. D'ailleurs, plusieurs scènes dans le film sont très typiques et selon la réalisatrice, représentatives de la réalité. De plus, l'accent emprunté par les personnages ajoute à l'aspect concret de cette histoire horrible.

On pense aux frères Dardenne, mais aussi aux westerns américains, pour l'absence de pouvoir supérieur et de lois pouvant venir sauver l'héroïne. Elle est seule face au monde, et elle est prête à subir les conséquences de ses actions. Elle doit se sauver elle-même, et pour ce faire retrouver son père, qu'il soit mort, ou vif.

Les acteurs sont tous extraordinaires. Ils semblent avoir été filmés dans leur vie de tous les jours. L'apparence est ici la dernière préoccupation des habitants, qui sont dans un mode survie, qui perçoivent la vie comme une lutte à mener au jour le jour, un tracas à la fois. Mention spéciale à John Hawkes, qui dans le rôle de l'oncle de Ree est tout bonnement terrorisant, à la fois brute et assoiffé d'une vengeance qui se doit d'être sourde s'il veut survivre.

Bref, un film dur, mais également étrangement poétique et porté par des acteurs criants de vérité.